Ulysses Saloff-Coste

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Les valets de chambre de Louis XIV

vendredi 11 mars 2005, par N. Audi, Ulysses Saloff-Coste


écrit par Mathieu Da Vinha

Introduction
Les valets de chambre ont plusieurs fonctions auprès de leur souverain. Même s’il n’est pas possible de distinguer la vie publique de celle privée, nous allons distinguer les fonctions de « commensal » de celles de « vassal » au sens étymologique. Au XIIe s., le valet, écrit « varlet », est un « jeune gentilhomme non encore armé chevalier ». Mais, le sens de « domestique » prend le dessus au XVIIe s. sur le sens d’origine. Cette transformation de sens peut s’expliquer par l’évolution entre le XVIe et le XVIIe s. : les valets ne sont plus choisis parmi les nobles. Comment les valets de chambre de Louis XIV passent-ils de l’état d’ignoble à celui de « gentilvalet », autant commensal que vassal ?
Nous allons commencer par présenter les valets de chambre en tant que « commensaux », littéralement ceux qui sont à la table du roi, auprès de lui pendant les instants d’intimité. Puis, nous nous intéresserons à la société des valets. Enfin, nous montrerons les valets dans leur fonction de vassaux, d’officiers de leur maître.

I.Les commensaux

II.La société des valets

1.Des origines ignobles

A partir du règne de François Ier, des ignobles sont reconnus pour leur propre valeur et non pas par leur naissance. Sous la régence d’Anne d’Autriche, une minorité de valets de chambres sont des « hommes nouveaux ». La plus grande partie ont bénéficié de la recommandation de leurs premiers maîtres. Ainsi, Jérôme Blouin est apothicaire chez Richelieu, puis chez Mazarin, par les grâces du ministre. C’est en 1653 que Blouin est nommé Premier valet de chambre du roi.
L’exemple de Blouin illustre bien les premiers métiers exercés avant la charge de valet. De simples horlogers ou tapissiers - comme le père de Molière - sont choisis. Le réseau social est nécessaire pour devenir valet de chambre. Pierre de Nyert passe ainsi sous la protection des grands seigneurs comme D’Epernon ou Saint-Simon. Sa pratique du luth et du chant le rend estimé par La Fontaine et Mme de Sévigné.
Mais, la valeur personnelle d’ignobles est confrontée à la vénalité des offices. Sans l’argent nécessaire, il n’est pas possible de devenir valet de chambre.

2.La fondation des dynasties

Pour permettre la fondation de dynasties chez les valets de chambre, il est nécessaire pour eux d’être anobli. La guerre de Trente ans a motivé la révocation par Louis XIII des privilèges chez les valets de chambre. Ce n’est qu’à la fin des Frondes, en 1653, que Louis XIV proclame un Édit en faveur des valets de chambre. Le roi accorde le titre d’écuyer aux valets ayant servi pendant plus de vingt ans et leur permet de transmettre leur noblesse aux descendants.
Des dynasties se forment. Marie Du Bois transmet à son beau-fils la charge de valet de chambre ordinaire du roi en 1653. Le petit-fils de Marie Du Bois, Pierre Cosnier de Montigny reprend la charge à la mort de son père. Mais, leur noblesse est trop nouvelle pour être reconnue par les Grands. Un dicton définit bien la situation des valets : « le roi peut faire des nobles, et non des gentilshommes » (p.68).

III.Les vassaux du roi

1.Des espions et courriers disgraciés

Le valet peut renseigner son maître. La Chesnaye doit démissionner quand Louis XIII s’aperçoit qu’il est une créature de Richelieu.
De La Porte porta des lettres secrètes de la reine Anne d’Autriche. En 1637, le portemanteau est arrêté et interrogé pour des lettres sans importance. De La Porte est nommé Premier valet de chambre du roi après la mort de Louis XIII. Mais, en 1652, il accuse Mazarin de débauche envers le dauphin. Son zèle provoque sa disgrâce.

2.Les témoins des liaisons du roi

Saint-Simon explique que « Bontemps ou Blouin (...) faisaient passer les réponses » (p.329) entre le roi et la princesse de Soubise. Bontemps bénéficie de crédits afin d’offrir à la marquise de Montespan des présents de la part du roi.
Bontemps sert de témoin, en 1683, au mariage secret de Louis XIV et de Mme de Maintenon. Blouin rend compte de la santé de Mme Maintenon au roi chaque matin. Ces liens étroits, comme nous avons pu les voir dans la première partie, laissent apparaître des moments de bonté du roi envers ses valets. Choisy écrit que le roi les « traite comme ses amis ».

3.La cour et les privilèges

Blouin réussit à créer sa propre cour. Saint-Simon, en dressant le portrait de l’intendant de Versailles, parle d’un « vrai personnage (...) qui se fit valoir et courtiser par les plus grands et par les ministres ». La fonction d’informateur des valets est facilitée par leur « entrée par les derrières » (p.323). Les valets n’ont pas à demander audience au roi. Il y a aussi les « entrées du cabinet ». Pendant le lever et le coucher du souverain, les valets peuvent accéder aux cabinets où le roi accueille sa famille.

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