Ulysses Saloff-Coste

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La politique de Claude

mardi 15 mars 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Octroi par le Sénat, à la demande de Claude, en 48, du « ius honorum » (droit de se présenter aux magistratures) aux notables de Gaule. « Le joyau de l’épigraphie en Gaule » est la transcription du discours de Claude. Ces deux tables sont retrouvées en 1528. Statuts juridiques. Surtout, nous avons la transcription exacte d’un discours sûrement écrit par Claude lui-même. Il y a beaucoup de digressions. Ça nous montre la pensée de Claude. Le deuxième texte est de Tacite. Il a lu l’original. Cependant, le discours de Tacite est totalement différent de l’original. Seul le sujet est commun. On le savait déjà.

I.La requête des gaulois

1.L’Assemblée des Gaules

La demande du « ius honorum » vient des gaulois de la Gaule chevelue composée des trois entités différentes : l’Aquitaine, la Belgique (plus grande qu’aujourd’hui), la Lyonnaise. Cette demande peut émaner de son assemblée, qui se réunissait chaque 3 août. Elle réunissait les 60 peuples gaulois. Cette assemblée a été crée en 12 ap par les romains. Les prêtres de Rome et Auguste sont élus par elle. C’est une charge honorifique. Cette élection se passait dans le sanctuaire confédéral situé non pas à Lyon même, mais dans un faubourg de Lyon (aujourd’hui dans la ville), Condate, au nord de la ville. Condate n’était pas situé dans le territoire de la colonie romaine. Cette assemblée pouvait évoquer tout autre problème. Cette assemblée a décidé d’afficher le discours de Claude. En guise de remerciement, cette assemblée a décidé d’afficher ce discours sur le socle de la statue de l’empereur (54-55).

2.Les notables des trois Gaules

Ils sont appelés « primores » par Tacite. Ils sont déjà citoyens romains. Ils avaient obtenu leur citoyenneté par une faveur particulière. Soit par un traité. En Gaule, diverses statuts, cité libre et fédérée. D’autres cités doivent payer l’impôt. Faveur purement individuelle. Avant 48, cette citoyenneté n’offrait pas la possibilité d’être candidat aux magistratures. Avant Claude, aucun nouveau sénateur est gaulois. Ces notables savaient en 47, Claude s’était octroyé les pouvoirs des censeurs ; il allait procédé à une « lectio senatus ». Il y avait eu sous Caïus de nombreuses condamnations. Claude en profite pour accomplir leur demande. D’où la date : première quinzine d’août 48.

II.Les arguments de Claude devant le Sénat

1.L’histoire de Rome est une suite d’innovations

Dans le discours, Claude va réfuter une à une les objections qu’il prévoit. Il est conscient que la cause des gaulois est considérée comme une innovation scandaleuse. Il commence par asséner une vérité : l’histoire de Rome est dès les origines une suite d’innovations. Il part sur une série de rappels. Un ceretain nombre de rois qui ont régné sur Rome n’étaient pas romains. Le roi Numa, d’origine sabine, proche du Latium. La série des rois étrusques : les Tarquins. Tarquin l’Ancien est d’après Claude, le fils d’un grec et exclu du pouvoir dans son propre pays. Que ces affirmations soient vraies ou pas, sauf pour les étrusques, l’important est qu’elles soient vraies pour l’époque. Claude passe ensuite à toutes les innovations institutionnelles que Rome a connu. Participation de la Plèbe aux honneurs. Pourquoi pas les Gaulois. Finalement, ces innovations n’ont pas à choquer puisqu’elles ont existé dès les origines de la cité.

2.Nous n’avons à nous plaindre ni des sénateurs d’origine étrangère, ni des Gaulois

Claude va prendre des exemples plus récents. Claude parle de recrutements au Sénat. Il y a aussi eu des sénateurs connus. D’abord, Claude rappelle une mesure prise par Auguste en 14 qui a donné le « ius honorum » aux citoyens romains de la Narbonnaise. Elle est province depuis 120 av. Exemple de la cité de Vienne, en Narbonnaise, au sud de Lyon. Il évoque Vistinius, chevalier. Il est viennois, mais c’est un grand serviteur. L’autre viennois, haï par Claude, consul, soupçonné à tort de complot, a parcouru la carrière des honneurs : Valerius Asiaticus. Au terme de son argumentation, Claude arrive en Claude chevelue. Il évoque Lyon (Lugdunum). Lyon est une colonie romaine en Gaule. Ce n’est pas un excellent exemple. Son véritable plaidoyer commence à la ligne 48. Il parle de la fidélité des Gaulois pendant un siècle, même pendant les circonstances critiques. Cette circonstance est quand son père Drusus, en 12, est envoyé en Germanie, levée d’impôts en Gaule. La révolte prend fin avec la création de l’assemblée des trois gaules. Claude passe sous silence la révolte de Florus et Sacrovir, suite à l’augmentation des pressions fiscales, en 21.

III.La décision finale

1.Une évolution fondamentale, due à la volonté du Prince

La table claudienne ne nous apprend rien des oppositions. Le discours est une pure formalité. Seul Tacite évoque les arguments contraires à Claude : l’Italie n’est pas malade au point de ne plus suffire pour remplir le Sénat. 2ème : il y a déjà au Sénat des Gaulois d’Italie du Nord. La plaine du Pô était peuplée de Gaulois. 3ème : les Gaulois sont riches nombreux et risquent de tout s’accaparer. Claude reste courtois. Le « senatus consulte » suit le discours de Claude. Reste le problème des Eduens. Tacite affirme que seuls les Eduens, dans un premier temps, ont joui de ce nouveau droi, en tant que les plus anciens alliés de Rome. Les romains assurent leur frontière. Pourtant, Claude plaidait pour tous les Eduens. Finalement, très rapidement, tous les Gaulois de Gaule chevelue ont profité du « ius honorum ». L’ensemble des Gaulois a profité de ces droits.

2.Le grand dessein de Claude

Après Claude, il n’y a plus de citoyenneté romaine sans « ius honorum », du moins en Gaule. Un texte de Sénèque nous explique que Claude aurait pensé aux grecs, espagnols, etc. Claude a une vision impériale du problème. Il est conscient qu’il oeuvre pour la grandeur de Rome, par une politique d’assimilation des élites des vaincus. Quand les romains ne contrôlaient pas encore tout l’Italie. Les élites d’Italie devenaient citoyens romains. Il le déclare en affirmant mettre sur le même plan les descendants des vainqueurs, des vaincus. C’est une profession de de foi quasi révolutionnaire. Cela montre la profonde sagesse d’un grand empereur.

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