vendredi 18 mars 2005, par Ulysses Saloff-Coste
Toute vie commence par une conception, de préférence dans le cadre du mariage. La stérilité est considérée comme une malédiction. Tout est fait pour assurer la fertilité. On conseille les châtaignes, les carottes, etc. On demande à la femme de porte une ceinture de poil de chèvre, quant à l’homme, on lui conseille une recette au bouc. Dans la longue suite des rois de France, Jean Ier le posthume, fils de Louis X le Hutin. Quand le fœtus devient-il un être vivant à part entière. C’est un débat qui a séparé les médecins. Le 20ème jour, les membres se développent. Pour Avicenne, au 36ème jour, le visage se dessine. L’infusion, 45ème jour. Ce sont des débats qui ont été reposés quand on s’est lancé dans la loi d’IVG. Pour les clercs du Moyen-âge, le fœtus est un être-vivant. Pendant cette grossesse, on demande à la mère de ne pas boire d’alcool. Éviter les plats relevés. On veille à satisfaire ses envies. Boissons énergétiques. C’est l’accouchement qui se pratique à domicile. L’accouchement est une affaire de femme, avec des personnes un peu expérimentés. Une femme sur quatre meurent lors du premier accouchement. Une fois l’enfant sorti, il est baigné et massé. C’est une véritable petite momie. Langes, bandes de laine. C’est uniquement pour dormir. Gestes de la préhension.
Vers l’âge d’un an, l’enfant reçoit une robe longue, fendue. On ignore les sous-vêtements. Sa première nourriture est le lait de la mère ou de la nourrice, ou on substitue du lait de chèvre. L’enfant est sevré vers 2 ou 3 ans. On lui donne de la bouillie avec de la farine et du miel. C’est le seul sucre que l’on connaisse. On évite les sauces trop fortes. Un sur trois meurt avant l’âge de 5 ans. La révolution démographique a eu lieu avec la fin de la baisse de la mortalité infantile. Les parents ne s’attachaient pas à leurs enfants. Élisabeth Badinter. L’enfant au Moyen-Age, Pierre Richet. Ils mettent en avant l’amour paternel. Le rôle du père est de nourrir, d’éduquer. La mère s’en occupe. Langue maternelle, les premiers rudiments de la foi. Juste milieu entre la sévérité et le laxisme. Jusqu’à 7 ans, jupes de sa mère. Effrayer les oiseaux, tenir les moutons quand on les tond. A partir de 7 ans, séparation des sexes. Le fils de chevalier, de bourgeois. La fille apprend à broder, filer. Ce n’est que dans les milieux aristocratiques, que les filles apprennent à lire et à écrire. L’éducation demande une séparation du milieu familial. Le fils de chevalier part à l’âge de 10 ans, comme écuyer. Les mesnies, jeunes garçons qui ont grandi ensemble au service d’un seigneur. L’équitation commence très tôt. Plus vite ils apprennent à monter. On les forme à la lutte, javeleau. Épées de bois, pui en métal. On s’initie au tournoi. Pouvoir s’élancer contre une cible. On commence avec un cheval à roulettes. Chasser est une bonne manière de s’entraîner. Le citadin va trouver un environnement différent. A partir de 12 ans, commence le temps de l’apprentissage. C’est l’entrée dans l’adolescence. On est point documenter sur la ville. Ils commencent à être initiés au travail de la terre.
Tout le monde est baptisé, à part quelques juifs. Dès le Ve s., on recommande aux parents chrétiens de baptiser leurs enfants. Adhésion exprimée. Baptême des enfants que l’on célèbre de plus en plus tôt. On attend des fêtes liturgiques. Réflexion sur le salut. On estime l’âme en danger sans l’eau du baptême. Ondoiement. Les curés sont incités à apprendre la formule par cœur. « Je te baptise au nom... ». Si l’enfant survit, autre cérémonie. On immerge le nourrisson. On a commencé à pratiquer l’aspersion. La mère est interdite de voir le baptême. Elle est souillée par le sang. La fête du 2 février, fête de la purification de Marie ; les relevailles. Le parrain et la marraine le présentent. Le rôle du parrain et de la marraine n’est pas symbolique. Ils peuvent recueillir l’orphelin. Quand l’enfant aura l’âge de raison, demande d’adhérer à la foi chrétienne, avec le sacrement.
A 12 ans, entrée dans l’adolescence, l’enfant devient juridiquement majeur. Il peut se marier (12 ans pour la fille, 14 pour le garçon). C’est un âge incertain. On va pouvoir prendre la route du bien et du mal. On est querelleur. La mère doit recommande à sa fille la chasteté. On marie la fille dès 14 ans. Dans l’aristocratie, on se marie tôt. La vie commence tôt parce qu’elle termine plus tôt. A 15 ans, on commence à porter les armes. La garçon se marie plus tard parce qu’il faut attendre la mort du père. Il y a souvent des écarts d’âge importants. L’époque considérée est vraiment une époque clef pour l’histoire du mariage.
L’Eglise entend de plus en plus contrôler les conditions du mariage. Le mariage était un des pivots sur lequel reposait le système féodal. Quand la terre était la source essentielle de la richesse, on demandait de transmettre la terre à une descendance. On demandait d’agrandir cette terre. Le mariage n’est pas du tout une affaire sentimentale. Le chef de maison choisit très tôt le beau parti. Le chef de famille est amené à rompre le contrat si infécondité, ou changement de cap pour cause de stratégie, en prétendant que la cause est une proximité sanguine. On autorise un seul fils à prendre une fille en mariage. Les « mâles en surnombre » (Duby) sont casés comme moine. Ces considérations ne peuvent satisfaire les gens d’Eglise. Stabilité. L’affrontement éclate au grand jour avec l’affaire de Philippe Ier. L’opposition entre une vision laïque. Concile de Clermont. Le pape excommunie Philippe Ier, parce qu’il a renvoyé Berthe, après 20 ans de mariage ; un seul fils. Il en prend une autre : Bertrade de Montfort, la femme du comte d’Anjou, cousine éloignée. Le haut clergé partageait la même vision du mariage. Assurer une descendance. C’était un beau parti. Forteresse maîtresse. Pas de considérations sentimentales. La papauté ne cède pas et entend faire un exemple. Le roi doit être exemplaire. Renforcer l’indissolubilité du mariage. Yves de Chartes, début du XIIème s., inspire sur le consentement personnel, condition nécessaire et suffisante. Volonté des deux époux. Le mari aime son épouse et réciproquement, parce qu’ils se sont choisis, pour donner un sens à leur existence. C’est de Dieu que nous avons reçu l’existence. Notre bonheur peut venir de leur réponse à l’amour. L’amour conjugal par analogie est un signe de l’amour pour Dieu, en réponse à l’amour de Dieu. Et le mariage est un signe reflétant dans la condition humaine, reflétant l’amour de Dieu qui s’est fait chaire. On définit le mariage comme le septième sacrement, au XIIème s. Pierre Lombard, évêque de Paris, « le consentement des époux renvoie à l’union de l’Église et du Christ ». Sacrement que se donnent les époux mutuellement. Une position claire sur les conditions de la formation. Échange des consentements, pas lors de la promesse des fiançailles. Façon de lutter contre la stratégie matrimoniale. Les tribunaux des évêques vont avoir à connaître les questions juridiques. 1215, publication des bans. Éviter les mariages secrets. Les degrés de parenté. L’inceste, quatre degrés de parenté. Préoccupations de bon sens. Une parenté spirituelle pour les parrains et marraines.
Plus de sphère privée. Dans le haut Moyen âge, cérémonie profane. On va demander au prêtre de bénir la chambre nuptiale. On se marie devant l’Église. Ils se retrouvent devant la porte de l’Église. Dans les Églises romaines, porche couvert, souvent en bois, en Bourgogne. Le prêtre questionne sur les empêchements éventuels. Lecture d’un acte de donation. Le mari remet à la femme 13 pièces de monnaie. Transfert de tutelle d’une famille à l’autre. Puis, le prêtre bénit l’anneau puis il demande le consentement mutuel des époux. Le père donne la main. Le prêtre prend la main de l’épouse. La formule évolue. Au XIVe s., « je vous unis ». Le prêtre devient un acteur majeur. L’époux va prendre l’anneau béni. L’épouse a mis sa plus belle belle robe. Il n’y a pas de robe imposée jusqu’au XVe s. Costume traditionnelle. Robe de couleur. On rentre dans l’Église. Il y a des prières. On tendait un voile, symbole de la communauté de vie qu’allait être sur eux.
Espérance de vie ne dépasse pas 40 ans. La mort des enfants fait baisser l’espérance de vie. Si on survit au péril de l’enfance, aux maladies, aux guerres, accidents, on peut vivre vieux. Les moins ont été octogénaires. Il y a des vieillards. On est beaucoup plus vite défraîchis. On est usé par l’existence. Les personnes âgées ne sont pas rejetées. On entoure les vieillards de soin. La mort s’annonce. La bonne mort au Moyen âge, c’est la mort que l’on peut mettre en scène, en public. On ne meurt plus chez soi. On meurt avec des tuyaux. Il faut avoir le temps de se préparer au passage. Le viatique, le pain pour la route. Ça se sait dans le village. Tous doivent se mettre à genou. Extrême onction, pas très souvent pratiquée pour les laïcs. Chandelle allumée. Maître de soi jusqu’au bout. On meurt nu dans le lit, comme on est né. Le corps est cousu dans un linceul pour immobiliser le corps, comme pour le nourrisson. Seuls les riches sont enterrés habillés. On prend des vêtements plus simples. Le cortège funèbre conduit le défin au cimetière. Le corps est dans une fausse, aspergé d’eau bénite. Sir le dos. Les corps sont orienté. Pied à l’orient et à la tête à l’occident. Les cercueils sont rares. Les puissants en ont des confortables. Sépulture de Philippe Ier. Feuilles de menthe, des iris. On mettait des fleurs dans la tombe. Couronnes sur le monument. En principe, il n’y a plus de mobilier funéraire. On est plus enterré avec ses armes. Calice très simple, miniature. Bourdon du pèlerin. Parfois un outil. Crois de bois. Il n’y a pas de monument funéraire, sauf pour les puissants. La mémoire permet de le localiser. Être enterré dans sa cathédrale. Dignitaires ecclésiastiques. XIIème et XIIIème s., embaumement. Possession à visage découvert. On montre la réalité de la mort du Prince ou de l’évêque. Ça suppose un traitement. Ça permet d’avoir une image de sainteté. Il faut rendre le corps à la famille. Il faut vider le corps. Triste sort : Henri Ier d’Angleterre. Dépecé jusqu’à séparation des os. On rapatrie le squelette. Il peut y avoir le corps,les entrailles à un autre. Richard Coeur de Lion. Son coeur à la cathédrale de Rouen. A partir du XIIIème s., apparaissent les gisant. Dalles funéraires avant, avec des inscriptions. Effigie gravée sur le terre. Premiers gisant avec la statue du défin couché. Saint Louis a fait réalisé un ensemble de statues. On idéalise le visage. Jeunesse : idée symbolique que les corps ressusciteront à l’âge du Christ ressuscité. A partir de la fin du XIVème s., histoire de l’art change. Portraits, squelettes. Époque où la mort est présente. La mort est une affaire publique. On fait sonner des cloches pour annoncer la mort. Éloigner les diables : vertu prophylactique. On embauche des crieurs. Italie : faire part du décès. On embauche aussi des pleureuses spécialisées. Débordement profane. La mort n’est qu’un passage. Les pleureuses. Même dans nos régions, c’est le cas. Elles s’arrachent les cheveux, le visage. Elles prennent sur elles le deuil de leur famille. Encore dans les pays musulmans. Le glas, dans les textes de l’époque carolingienne. Églises les plus anciennes, le crochet est à côté. Vie des abbayes grâces aux écrits.
Le deuil prend fin au bout d’un an. Le concile de Latran IV. Couleurs liturgiques. Le violet pour la pénitence. Le rouge pour les martyrs. Le Pape au Moyen âge n’habite pas au Vatican, mais au Latran, donné par Constantin. Vatican, quand retour de l’exile à Avignon. Bases très solides. Ce concile fixe entre autre les couleurs liturgiques. La teinte noire coûte cher. Le bleu était la couleur du deuil à Rome. Ce qui explique que la Vierge est en bleu foncé. Le bleu marial de la Sainte Vierge. Abandonner les bijoux pendant le deuil. Prières pour les défunts. Au Moyen âge, au XIème s., la fête des défunts, le 2 novembre. L’abbé de Cluny. XIIème siècles, calendrier romain. On célèbre les morts le lendemain de la fête des saints. Différence entre la Toussaint et la fête des morts. Chaque famille prie pour ses morts. Chiffre clé, croyant que l’âme n’ a pas entièrement quitté le corps. Les plus riches demandent à ce que l’on célèbre une messe pendant 30 jours (trentain). Une messe après le décès. La cérémonie du bout de l’an. Origine de la fête d’anniversaire. Elle est apparue pour les morts. On sait très rarement quel jour on est né. La mort n’est pas une fin.
Enfer, paradis, purgatoire ? Jacques Le Goff : l’invention du purgatoire. Années 1170, diffusion d’un livre d’un bénédictin : le Purgatoire de Saint Patrick. C’est une troisième voie plutôt rassurante. Échappatoire, mais qui demande de se purger de ses péchés. Il subit un feu purgatoire. Moine bénédictin : « il y a des éthiopiens très cruels qui ne cessent de fournir du bois ». On en sortira grâce aux prières des moines. Les donations, afin qu’ils prient régulièrement pour les âmes des défunts. Besoin des prières des vivants. La pratique des indulgences. La possibilité avec une oeuvre de charité, des années d’indulgence.
Enfer. Etna en Sicile. En Campanie, près de Naples, champs de souffle. Flammes. Avant d’arriver dans les entrailles, il y avait les limbes pour les enfants morts sans baptême. Les enfants sont innocents, oui mais, il s ont la macule du pêcher originel. On les imagine les yeux clos et à genou pour l’éternité. Une sorte de congélateur. Importance à baptiser les enfants tout de suite. C’est calme et un peu aseptisé. En enfer, c’est animé. Inspiration pour les artistes. Complexe industriel : forge, enclume, roue dentée, flamme, la puanteur. Abbé bénédictin : « Ô puanteur insupportables (...) mal sans fin, désastre ». Raymond Lull est un dominicain espagnole du XIIIème s. Grande fresque de Giotto, la mosaïque de Torcello à Venise. Les damnés sont grillés, bouillis dans des chaudrons, rôtis empalés sur une branche pour les sodomites. On imagine que les damnés vivent une semaine de travail au sens étymologique, au sens de souffrance. Religieux mystiques, sur des traditions de tel saint. Il y a celui de Saint Brendan. Il est allé interviewé Judas : « je suis cloué sur une roue et je tourne (...) je suis chargé sur une herse (...) précipité sur une abîme (...) écorché (...) jeté sur une geôle ». Six jours de tourment. Ces visions très populaires ont influencé le culte des morts. Prier le lundi parce que c’est le jour de la reprise du travail.
Il est beaucoup plus difficile de décrire la félicité au paradis. La jeunesse éternelle. Paysages verdoyants, fontaines, fleurs, lumière, température douce. Guillaume Durant, évêque du XIIIème s., recommande aux peintres de mettre l’accent sur l’harmonieuse beauté de la nature. Images sur les tympans des cathédrales. Le prône, le sermon que fait le prêtre chaque dimanche pour garder ses fidèles dans le bon chemin.
Le culte des saints. Ce n’est pas une innovation. On honore les martyrs. On prend l’habitude d’aller prier sur leur tombe. On a aussi rendu un culte aux confesseurs. Un confesseur confesse sa foi, par sa vie. Le premier est saint Martin. Il n’a pas été un martyr. C’est le plus populaire au Moyen âge. 11 novembre. On a rendu un culte aux saints Denis, Marcel, Germain. Ils ont bâti la chrétienté. Pendant longtemps, ce sont des moines, évêques. La sainteté évolue au XIIème s. C’est un tournant là encore. C’est le moment où commence à apparaître les procès de canonisation. L’officialisation s’est longtemps limité à la décision de l’évêque de la région. Il a dû y avoir des abus. Apparaît le désir des papes de reprendre en main la reconnaissance des mérites d’un homme ou d’une femme. Cette pratique va devenir exclusive. On a pu faire le tri. Les canonisations servent de modèle. Le premier laïc consacré non martyr. André Vaucher, La sainteté au Moyen âge. Omebon de Crémone, italien, a vécu dans le partage. Ce n’est que le début de l’ouverture au calendrier. Une première ouverture vers les femmes. Pendant longtemps, elles ont été plus minoritaires. Saint Louis l’explique à son fils. Il lui disait : on ose pas s’adresser directement à lui. Remise d’une lettre pour avoir l’espoir d’approcher. Les saints ont été hommes et ont connu des difficultés. Leur enquête sera bien accueillie par le père. On prie les saints devant leur relique. Attachement pour les restes mortels des saints, dans lesquels réside la « virtus » qui leur habitait de leur vivant. Puissance « post-mortem ». On attend d’eux des grâces. L’histoire des saints est fertile en miracle que l’on attribue. Les miracles apparaissent très évangéliques. Une forte proportion de boiteux et paralytiques. Les contractés, les aveugles, les possédés, les sourds, les aveugles. Mêmes catégories que pour le Christ ; même prodiges. Proportions considérables. Foules viennent chercher des grâces. Les « ex voto », meilleure publicité. Des membres en cire comme symbole du membre guerri. On se donne au saint. On se fait le serviteur. Ça crée des liens de dépendance à l’égard des sanctuaires les plus fréquentés. Il y a des abus car les enjeux des établissements religieux sont assez lucratifs. Il faut être prudent pour les personnages contemporains du Christ. Les vêtements qui sont présentés comme des manteaux de saint Martin ou saint Denis.