Ulysses Saloff-Coste

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Les Bretons face à la romanisation sous Agricola

vendredi 8 avril 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Agricola est le beau-père de Tacite. Il a fait une carrière sénatoriale. Il est connu pour avoir été gouverneur de Bretagne de 77 à 84 ap. Éloge funèbre. Elle s’en éloigne par des digression géographiques. Cette oeuvre n’a jamais été prononcée aux funérailles d’Agricola. Tacite n’était pas à Rome en 93. Mais, il y a louange du défunt présenté comme homme de toutes les vertus, malgré une tâche difficile : la pacification de la Bretagne. Ce passage concerne les 4 dernières années de gouvernement. Ce passage n’évoque pas le principal fait d’arme d’Agricola : l’écrasement des Calédoniens sur le mont Graupius en Écosse actuelle. La pacification par les armes et le thème de la romanisation des indigènes et de leur élite.

A.La grandeur d’Agricola

1.La reprise de la pacification

La Bretagne est conquise en 43 ap par Claude. Sous Agricola, c’est la plus récente des provinces romaines. Les Romains sont arrivés par le sud, mais, leur domination était mal assurée ; province impériale. En 60-61, révolte sous la conduite d’une reine. Les Bretons avaient la possibilité d’avoir une reine : Boudicca. C’était la reine d’un peuple de Bretagne, dans l’est de l’Angleterre. En 68-69, nouvelle révolte dans le nord de l’Angleterre. Les Romains vont devoir prendre le Nord. Il avait fallu dominer l’actuel du pays de Galles. La coutume voulait que les combats aient lieu en été. Agricola a mobilisé ses troupes. Il anéantit la tribu fautive et dans la foulée, part conquérir une île. Auxiliaires l.36. La troisième année, il se rend dans le sud de l’Écosse et le quatrième, consolidation des forts. Tout au long de ses campagnes, les vertus apparaissent selon Tacite : esprit d’initiative, qualités dans la reconnaissance ; c’est le chef parfait. Sa grande modestie. Ces fortins sont une réalité ; leur datation est incertaine.

2.Un sage administrateur

C’est un gouverneur parfait parce que c’est un grand gouverneur. L’Empire en avait besoin. Tacite nous dit qu’Agricola avait compris qu’en conquérant par les armes, on dirige par la sagesse. D’après Tacite, il modère son train de vie, ce qui n’est pas évident pour un sénateur. Ensuite, dans sa manière de gouverner, il va éviter de régler certaines affaires par un intermédiaire : esclave ou affranchi. Il donnait plus d’importance au mérite qu’aux relations. Enfin, il ne s’abandonnait jamais à la rancune et savait pardonner. Portrait de l’empereur idéal. Ce n’est pas un hasard si à l’époque de Nerva, cette description ait une diatribe contre la tyrannie de Domitien. La justice (l.65-68). Indulgent avec les fautes légères. Banal. Tacite évoque la justice dans le gouvernement. La justice dans le domaine de l’impôt (l.69 à 81) ; l’impôt en nature. L’armée romaine vivait sur la province. Elle était approvisionnait par la province sur laquelle elle stationnait. Normalement, nous savons que dans une province impériale, ce lui qui est chargé de l’impôt est un procurateur. Pourquoi l’effort d’Agricola sur l’impôt ? C’est une des causes les plus fréquentes de révoltes. C’est la marque de la soumission.

B.La romanisation de la Bretagne

1.L’efficacité d’Agricola

Tacite donne la recette : la dureté dans la guerre et la sagesse dans l’administration, mais on ne fait pas regretter aux provinciaux d’être battu. Tacite dénigre les prédécesseurs d’Agricola. Il y a eu des gens compétents avant lui. La plupart des Bretons donnent des otages. Dans un passage célèbre, l.100, processus de romanisation. Deux aspects : l’urbanisation. La marque essentielle de la romanité. Les villes n’étaient pas inconnues dans le monde celtique. Les celtes avaient des « oppida », place fortes élevées et protégées par des palissades en bois. Selon Tacite, Les Bretons sont rudes et disséminés ; la ville est l’expression même de la civilisation. La ville est aussi un quadrillage pour le conquérant. Progrès très rapides dans la romanisation. Surtout dans le sud. A la fin du Ier s, pratiquement tous les grands peuples de Bretagne ont une capitale qui peut être considérée comme une ville : forum, amphithéâtre. Les maisons rectangulaires remplacent les huttes en bois. Ce qui explique cette rapidité, l’action des gouverneurs ; ils sont voulu créer une émulation auprès des élites bretonnes. L’acculturation est l’adoption de pratiques culturelles étrangères qui viennent d’un civilisation. Ce n’est pas un grappillage de multiples coutumes. Elle concerne surtout les élites. La culture romaine des élites bretonnes. Utilisation de la langue latine. Elle est aussi la langue officielle des cités et des villes. Les membres des Sénats locaux sont bretons. Nous ne savons pas si les délibérations se font en breton ou en latin. Quand il y a une loi, c’est en latin qu’elle est gravée. L’éloquence est importante pour les élites bretonnes. Cette romanisation a posteriori semble superficielle. Il suffira des invasions normandes et des angles pour balayer l’influence. L’Anglais a des racines germaines. 2.Tacite et la romanisation, le problème moral Ce qui est surprenant, c’est que Tacite dénigre la romanisation. Cette romanisation est d’après Tacite si complète que les bretons se mettent à avoir les vices romains : les portiques, le goût des bains et des festins. Expression de la mollesse. Rome aurait perverti t le « bon sauvage ». Agricola serait le fossoyeur des Bretons (« esclavage »). Ce passage est en parfaite contradiction avec le reste de l’oeuvre ; sentiment de gêne, de regret pour Tacite.
Phrase que Tacite met dans la bouche d’un chef romain : « Où ils créent le désert, ils appellent cela la paix ».

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