Ulysses Saloff-Coste

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Néron accorde la liberté aux Grecs

mardi 12 avril 2005, par Ulysses Saloff-Coste


TD de 8h

Inscription à Acraiphia en Béotie. Le 28 novembre 67, la liberté et l’immunité fiscale sont accordées par Néron. Trois parties distinctes : circulaire de Néron qui invite les Grecs à venir l’entendre, son discours, divers honneurs.

A.Néron et l’hellénisme

1.La présence de Néron en Grèce

Projet ancien. En septembre 66, Néron quitte Rome et traverse l’Italie du Sud avec une suite fastueuse : les prétoriens et les « augustiani », une foule d’adorateur. Il reste en Grèce jusqu’en décembre 67. Il commence à se produire en scène. Corinthe est la capitale de la province romaine d’Achaïe. Néron va tenir à participer à tous les grands jeux de Grèce. Il sera proclamé vainqueur à chaque fois. Les jeux olympiques, de l’isthme, Pythiques (Delphe) et Néméens (Némée). Néron a choisi Corinthe pour son discours. Néron a soigneusement évité Athènes et Sparte. Raisons idéologiques. Athènes a été l’ennemi d’Alexandre le Grand, la fondatrice de la démocratie. Athènes représente la partie de l’hellénisme que Néron apprécie peu. Sparte était la cité des lois de Lycurgue, législateur spartiate, mythique, à l’origine d’une législation oligarchique ; partie de l’hellénisme que Néron n’aime pas. En revanche Corinthe représentait l’hellénisme que Néron aimait. Ce port a subi une influence orientale ; communauté juive et orientale. D’ailleurs, à Corinthe, Néron a entrepris de percer l’isthme de Corinthe.

2.L’hommage impérial entre orgueil et sincérité

Le discours est sûrement l’oeuvre de Néron. On s’aperçoit que Néron se rend hommage à lui-même, insiste sur sa gloire, son honneur en un style pompeux, boursouflé et trahit sa perpétuelle volonté de plaire. Il ne doute pas que la reconnaissance des Grecs sera à la hauteur de ce qu’il leur donne. On ne sait pas ce qu’il préfère entre l’hellénisme et lui-même. Il ne rate pas l’occasion de rappeler la décadence de ses auditeurs par rapport à leurs ancêtres (l.10-11). Jamais ils n’auraient réclamé leur liberté. Il rappelle une vérité qui blesse (l.15-16). Jamais les Grecs n’ont été libres tous ensembles. La domination d’Athènes et de Sparte au Ve s, soit ils ont été soumis par les macédoniens, puis par Rome. Enfin, aux l.16-19, il regrette de ne pas avoir vécu pendant cet âge d’or de la Grèce, du temps où elle était plus peuplée. Dépeuplement qui est un aspect de la décadence. Néron n’est pas dupe de l’accueil des Grecs. Néron a fait preuve du cynisme absolu : l.22-24, remerciement des dieux grecs pour leur protection, alors qu’il avait pillé des statues dans des sanctuaires grecs. « La plus noble des nations » : le voyage de Néron est à mettre au compte de son philhellénisme. Motivations de Néron : pôle culturel hellénique qui accueillerait bien ses vues du pouvoir.

B.Les effets du discours

1.Des bienfait à relativiser

La liberté et l’immunité fiscale. La liberté. Les sources anciennes sont muettes sur ce que représentait vraiment cette liberté. Néron ne va pas rendre l’indépendance aux Grecs. Il s’agirait d’abolir le statut provincial. Aboutir à une sorte d’autonomie. C’est inhabituel comme mesure. Référence à la mesure d’un proconsul romain en 196 av : Flaminius ; liberté des Grecs. Les romains s’engageaient à retirer leurs troupes. Les romains n’ont fait que libérer les Grecs de la tutelle macédonienne. On ne connaît pas les conséquences juridiques. La deuxième mesure est l’immunité fiscale ; suppression de l’impôt direct sur la province. Athènes et Sparte ne payaient pas le tribut. C’est un corollaire de la première : pour libérer, exempter des impôts. Cette mesure est appréciée. La Grèce connaît depuis deux siècles une crise économique et démographique sans précédent. Guerres et malthusianisme démographique difficile à comprendre. Les Grecs faisaient moins d’enfants. Abandon de très nombreuses ville qui se dépeuplent. Etiollement de certains sanctuaires. Non célébration de jeux. Situation catastrophique. Vespasien a annulé les mesures. Pas de connaissance des effets de la mesure de Néron.

2.Les honneurs rendus à Néron

Les Grecs ont accepté l’hommage de Néron. Finalement, vu l’état de la Grèce sous Néron, on ne peut qu’être fier du passé glorieux. Les marques d’honneur ont été nombreuses. Les monnaies frappées en l’honneur de Néron pièce d’or à Corinthe. Dans l’inscription, honneurs rendus par Acraiphia. Epaminondas est un homme très riche. Il est l’exemple type de l’évergète. Il a été le magistrat le plus important de sa cité. Des inscriptions précisent tous les honneurs rendus à sa cité : construction d’une digue, prise en charge d’une ambassade. En 67, il est grand prêtre du culte impérial. Il reprend le style ampoulé de Néron. Nombreux qualificatifs très élogieux. Consécration d’un autel : « A Néron Zeus libérateur pour l’éternité » et des statues de Néron et peut être de son épouse seront déposées dans le sanctuaire d’Apollon Ptoïos.

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