Ulysses Saloff-Coste

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La vie monastique et religieuse des moines

vendredi 13 mai 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Vie consacrée à une règle de vie. On distingue ceux qui vivent dans le siècle, clergé séculier et les réguliers qui s’engagent pas de voeux. On peut distinguer deux catégories essentielles. Les moines et les moniales (féminin) recherchent la solitude. Étymologie grecque : « monos », seul, même s’il s’agit d’une vie communautaire. Les religieux sont soumis à une règle mais sortent de leur établissement. Les uns sont des contemplatifs, les autres sont des actifs. Pratique de la pauvreté, de l’obéissance au supérieur. Un moine n’a que ce que l’on lui donne. Cela n’empêche pas l’institution d’avoir des ressources. Au moyen-âge, la floraison des ordres religieux était abondante, à un point que l’on imagine plus. La plupart ne s’est pas relevée. On ne se rend pas compte de l’impact de ces personnes, même dans le domaine économique. Organisations de grands établissements. Les cisterciens cherchaient l’isolement. Ils ont été habiles pour les engins hydrauliques. Gérer des milliers d’individus. Tout cela rejaillit sur notre organisation. Avant d’aller plus loin.

I.Le monachisme des origines au Xe s.

Cette recherche de vie consacrée apparaît à la fin du IIIe s. en Égypte et en Asie mineure. Les « pères du désert ». Le désert s’applique à l’Égypte, plus difficilement à la France ; désert d’âmes. Fuite du monde. Saint Antoine. Saint Basile, en Asie mineure. Ils vivent dans la solitude comme ermite. Les « anachorètes ». Au Ier s, le « cénobite ». on pourrait ajouter une catégorie originale en Asie mineure. Le stylite installe une sorte de campement sur une colonne. A partir du IVe s, expansion. Les premiers chrétiens se rassemblent pour vendre leur bien ; vie apostolique. Saint Augustin, † 430, rédige pour ses clercs quelques lettre pour des conseils d’organisation de la vie commune. Règles de saint Augustin reprennent ces lettres. Règles des chanoines réguliers. A côté de lui, une autre règle a connu une division bien supérieure, règle de saint Benoît, né vers 480. Après des études juridiques, il devient ermite. Il organise une communauté sur le mont Cassin, au nord de Rome. Benoît écrit une règle organisant le partage du temps entre la prière liturgique, le travail manuel,la lecture. La règle est écrite à la fin de sa vie et non pas d’un seul coup, mais en se nourrissant de la vie communautaire. Elle reflète l’esprit juridique des romains qui sont précis. C’est une règle discrète : elle élimine les rigueurs inutiles. Elle n’en fait pas trop : ascétisme ou héroïsme. On lui demande d’être charitable. Ce qui est le plus difficile est de supporter ses frères. En entrant, place précise. Si tout se passe bien, on conserve le même voisin. Être charitable. On leur demande pas de se donner des coups de fouets. Obéissance de l’ « abbé », origine hébraïque : le père. Les moines bénédictins : engagement jusqu’à la mort. Il ne doit pas changer de lieu. Au début, il y a beaucoup d’autres règles. Progressivement, cette règle l’emporte sur les autres. Charlemagne préfère l’ordre. Il fallait donné la même règle. Nous sommes dans un contexte de renaissance de l’empire. La règle de Saint Benoît est romaine. A l’époque carolingienne, engagement pour donner cette règle comme modèle exclusif. Tradition du manuscrit. Quant aux clercs qui vivaient en communauté, sans application d’une règle monastique. Les chanoines suivent un canon. Les abbayes sont nombreuses avec de gros effectifs. Ils se retrouvent à la tête d’immenses domaines. Travail de la terre Plusieurs centaines d’hectares. Cette prospérité est collective. Cette richesse est une source de danger. Le roi et les princes ne peuvent plus assurer la défense du territoire. Les monastères sont des cibles privilégiées. La plupart est isolée. On a créé des ornements pour l’Église. Ces monastères souffrent de l’intrusion des séculiers. Les puissants concèdent des terres comme bénéfice de leur vassal. Prise de force des terres des moines. Des établissements sont dirigés par les puissants ; choix d’un abbé. Ils se réservent les revenus. Distribution des terres aux vassaux. Il peut aller même aller jusqu’à s’installer. Il va même jusqu’à chasser des moines et les remplacer par les chanoines moins coûteux. Au début du Xe s, moines sont préoccupés. Dans ce contexte, en 909-910, Guillaume le Pieux avec Bernon fonde un nouveau monastère à Cluny, en Bourgogne du Nord ; au départ il accueille 12 moines. Le monastère est libre de toute influence. Rompre avec la main mise. Il décide d’en appeler à la papauté pour donner le monastère au Pape. C’est le protecteur de l’abbaye. L’idée des fondateurs est de créer un modèle à la règle bénédictine. Cluny attire rapidement beaucoup de moines. Restauration de la règle. Cluny a été dirigé par des personnalités exceptionnelles. Ensuite, l’abbé Odon (927-942), puis Mayeul (945-994). Peu à peu, constitution d’un ordre monastique. En 998, 38 établissements. Privilège d’exemption donné par le Pape. Ils sont libérés de la tutelle des évêques locaux, à l’époque qu’ils ne sont pas des modèles. Mouvement vers l’autonomie. La société est placée sous la protection d’une élite de priants. Prier pour un laïc, en échange d’un don.

II.L ’apogée de Cluny

Odilon (994-1049). Hugues le Grand, élu à 25 ans. C’est extraordinaire de se donner des patrons si jeunes. Il est abbé pendant 60 ans. Il avait pour lui la culture, la prestance, sa puissante parenté. Prieurés avec une petite communauté de moines. Établissement secondaire. On arrive au XIIe s, à 1200 maisons clunisiennes, dont plus de 800 en France. Grégoire VII, réforme grégorienne, 1073-1085, auparavant moine. Après lui, Urbain II, pape de la croisade, de 1088-1099, grand prieur de Cluny. Pascal II de 1099-1118, ancien moine de Cluny, abbé de Saint Clément. Simonie : trafic d’argent. Programme de moralisation. Les moines se veulent exemplaires. Les moines ont largement contribué à la réforme de l’Église. L’ordre de Cluny est efficace parce qu’il est très hiérarchisé. A Cluny même, les moines y font profession.

Église. Cloître avec les différentes salles. La salle capitulaire ou du chapitre. Le chapitre du « culpe », une fois par semaine. La correction fraternelle. On discute des affaires de l’abbaye. Il y a le réfectoire où l’on mange en silence. Bibliothèque. Le bloc central. Bâtiments des novices. L’infirmerie. Rythme de vie différent. Étables, hôtellerie. Charité. Recevoir les pauvres jusqu’à 3 nuits. On pouvait aller se servir au tonneau. Le père devait faire des remarques. Tout à Cluny prenait des proportions gigantesques. Construction en 1080-1120 de Cluny III. C’était la plus grande Église de la chrétienté. Plus de 180 mètres de long. Double transepte. On a eu le sommet des possibilités techniques. 30 m de hauteur. Meilleurs sculpteurs et peintres. Illustrant le luxe pour dieu. On se lève la nuit pour aller chanter les vigiles. Lectures dites leçons. On en prend pour 2 heures. Vers 4 heures du matin, les matines ; une demi heure. Boucles de sommeil de 2 heures. A 5h45, lever ; petite toilette. A des moments de l’année, bains. Il faut se refaire la tonsure et la barbe. Vers 6h, prime. Vers 6h30, le chapitre. Vers 7h30, la messe matitunale. Vers 8h15 et vers 9h, temps de messe privée pour les prêtres ou de travail. Vers 9h, office de tierce. A 9h, la grande messe chantée qui occupe le coeur de la journée. De 10h45 à 11h, travail. Vers 11h30, sexte. Vers 12h, repas, unique en période de jeûne. Après la messe, pain. Petit repas le soir. On ne mange pas de viande, mais du poisson des légumes, du vin. Après, c’est la sieste. Vers 14h, office de None (9e heure). De 14h30 à 16h15, travail ; copies de livres. Les abbayes sont connues pour l’importance de leur bibliothèque. Pas un travail très dure. Chez les clunisiens, on donne le travail des terres aux serviteurs. Vers 16h30, heure des vêpres ; 3 quarts d’heure. Vers 17h30, souper léger, sauf en période de jeûne. Vers 18h, complies. Vers 18h45, coucher.

III.Le renouveau des XIe et XIIe s.

Les moines sont éloignés des problèmes urbains. Pour certains, total renoncement au monde. Accent sur la pénitence. Il n’y a pas un relâchement à Cluny. Coutume : confort. L’évangélisation n’est pas achevée. Il est nécessaire de reconvertir la population. La prédication n’est pas leu attribution. On assiste à une double recherche. Deux directions très distinctes. Nouveau monachisme : renoncement plus radical au monde. Formes nouvelles pour agir sur la société. Vie religieuse immergée dans le monde.

1.L’érémitisme

Il y a toujours eu des ermites. Il y a un certain regain pour la vie d’ermite. Les ermites sont mal connus. Il faut citer à côté d’eux, l’expérience originale d’un ordre religieux : organisation communautaire et vie d’ermite. Cet ordre est la Chartreuse, fondée en 1084 par Saint Bruno de Cologne. Il a vécu à Reims, professuer très brillant. Arrivé à la cinquantaine, il devient ermite. Édification de cabanes de bois. Ils se retrouvent dans une petite Église. Le dimanche, ils prennent un repas en commun. A part ces moments-là, vie de travail et de prière. Travail de bois. Écriture au scriptorium. La Chartreuse existe encore. L’alcool est distillée dans cette liqueur. Pas très grand développement.

2.Les réformes canoniales

Les chanoines avaient une règle de vie lors d’un conseil en 816 à Aix la Chapelle. Fondation d’un Établissement pour les chanoines réguliers. Cette règle est celle de Saint Augustin. Organisation en congrégations. Une congrégation : abbaye de Prémontré. En 1120, le fondateur de l’ordre, saint Norbert. Coutumes austères. Dans les Ardennes, les prémontrés sont envoyés pour encadrer les lieux à aménager. Abbaye de Citeaux. Robert de Molesme fonde à partir de 1075, un monastère. Il a rapidement des succès, des donations. Il va quitter Molesme. Il s’installe dans un site marécageux. Mais, il doit revenir à Molesme à la demande du Pape. Aubry le remplace et il rédige des statuts. Bernard de Fontaine, d’une noble famille bourguignonne. En 1112, il entre à Cîteaux, en « pêcheur de Dieu », avec ses frères, amis et cousins. L’abbaye peut se développer. Il va fonder une nouvelle abbaye ; saint Bernard de Clairvaux. Vêtements de laine non teinte ; ils sont blancs. Bernard dénonce la distraction des images. Le moine rumine l’écriture. Ils sont dans des lieux retirés. On envoie dans des granges des moines pour le travail manuel. Ce sont des gens illettrés et barbus. Ils sont placés à part. Distinction dans ce type de vocation, liée au statut social. Toutes les fondations cisterciennes sont autonomes. On résonne en terme d’abbaye mère et fille. Cistercien, nom géographique lié à Cîteaux. Une fois par an, chapitre chaque an à Cîteaux. C’est plutôt une fédération d’abbayes. Homme écouté et redouté. Eugène III, ancien cistercien. C’est un grand ami des templiers.

3.Les moines chevaliers

Les ordres militaires qui paraissent antinomiques. Le principe de ces ordres est la conséquence de la croisade. Nécessité de protéger et de soigner les foules de chrétiens se rendant en Terre-sainte. Le plus ancien est l’ordre des hospitaliers. Statuts : 1113. Il est devenu progressivement militaire. Ordre de Malte. Une fois chassés de Terre-sainte, refuge dans l’île de Malte. Les templiers, à l’emplacement du temple de Jérusalem. En 1118-1119, création. Moyen chevalier : Hugues de Payns, près de Troyes. Éloge de la nouvelle milice qui renonce à la malice, écrite par Bernard ; ils sont malicides. Les chevaliers teutoniques. Les templiers ont reçu d’importantes donations. Compenser l’absence par des dons. Domaines importants en Occident pour alimenter leur effort de guerre. Le commandeur est le templier envoyé pour s’occuper du domaine. Chevaliers blessés ou âgés. Comme ils ont des bien en Orient et Occident. Activités de banquier. C’est dangereux d’avoir de l’argent. Déposer l’argent. Réception d’une lettre puis on va se faire payer à Jérusalem, contre une intérêt. Pratique de la gestion des fonds. Cupidité de Philippe le Bel. Quand les croisés ont perdu Saint Jean d’Acre, il n’y pas eu la même réponse. Les hospitaliers ont gardé leur utilité. Les templiers sont revenus ; ils sont une puissance non négligeables. C’était une sorte d’État dans l’État. L’ordre pouvait menaçait l’État.

IV.Les ordres mendiants

Cîteaux, parti dans un esprit de renoncement, s’est enrichi, s’est fait happer par l’enrichissement. La richesse constituait la question fondamentale. L’épiscopat est digne, mais opulents (suite de 40 chevaux, faste digne d’un grand seigneur). Les moines sont les maîtres du sol. Certains chrétiens veulent revenir à la pauvreté. Saint François d’Assise, né dans une famille de drapiers. Jeunesse dorée, puis une conversion qui le mène au soin des pauvres, à la prière, à l’engagement radicale. En 1206, il rentre dans une petite église : « va François, répare la maison qui croule ». Il croit qu’il s’agit de réparer l’Église. Le père est furieux. François abandonne tout héritage. Il est vêtu d’un simple capuchon. Même pas de ceinture. Dans cet acoutrement, il appelle ses concitoyens à la conversion. Il a compris qu’il fallait restaurer l’Église qu’il fallait réformer. Fraternité de pénitents qui décident de renoncer à tout. Accepter que la nourriture. A la fin de la journée, on redistribue tout. En 1210, Innocent IV : ordre des frères mineurs. Plus tard, l’ordre de clarices pour les femmes (l’ordre des pauvres dames). Un tiers ordre : pour les laïcs. Saint François est particulièrement vieilli. Aveugle, décharné, aveugle. Dans ses dernières années, orientation : méditation sur la vie du Christ. Il popularise le rite de la crèche. Il l’initie à Greccio pour attirer l’attention sur l’évènement de la nativité (1223). En septembre 1224, il reçoit des stigmates. C’est le premier à les recevoir. Identification à la personne du Christ. Il meurt ainis en 1226, en laissant une réflexion sur l’humanité souffrante. Développement très rapide. Le deuxième grand ordre mendiant est celui des frères prêcheurs, fondé en 1214, par Doménique, un espagnoles. Les dominicains, pour prêcher en pays cathares, en opposition avec les légats. Ils se dirigent vers les villes universitaires. Ils s’installent rue Saint Jacques ; les jacobins. Ils enseignent. Parmi ces professeurs : saint Albert, Thomas d’Aquin. Les Augustins, carmines. Branches féminines. Apostolat urbain. Les villes tiennent sur le plan économique et culturel. Domaine religieux à reconquérir alors que les moines se détournaient des villes. Ce n’est pas à la campagne qu’il est possible de vivre. Donations abondantes des bourgeois. Bourgeois enrichis par le prêt d’intérêt, ont besoin de se racheter ; ça leur permet de bâtir de grandes église. Venise. Des bourgeois se font enterrer dans ces églises. En dehors de cela, corporations, assemblées de métier. On va dans des couvents assez vastes. Cette habitude dure jusqu’à la religion. Ce n’est pas la disparition des anciens. Ce paysage abondant a eu une influence intellectuelle, spirituelle. L’impact économique, culturel est tout à fait considérable. La vie religieuse concerne tous les contemporains.

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