Ulysses Saloff-Coste

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Écoles et universités

vendredi 27 mai 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Pour bien gouverner, besoin de clercs instruits. Contexte de renaissance du modèle romain. Il y a eu un renouveau autour Charles Martel. Monastère de saint Denis. Charlemagne avait bénéficié d’un enseignement. Un texte fondateur : en 789, « Admonitio generalis » (« rappel qui appartient à un genre »). « Écoles pour apprendre à lire... grammaire... chant... corriger les livres religieux ». Date fondatrice pour le renouveau des études.

1.Les institutions scolaires

a.Les Écoles monastiques

La règle de saint Benoît demandait au moine de savoir lire, écrire, chanter. Chaque mois, pendant le Carême, lecture d’un livre entier dans l’ordre. Recopie du livre. Réseau monastique, premier soutien pour multiplier les Écoles. Les futurs moines, les oblats, offerts par les parents. Il y a aussi des externes. Enfants des environs. Beaucoup de monastères ont ouvert des Écoles gratuites et prennent en charge des Écoles paroissiales. Restriction progressive. Plusieurs raisons. Réflexion sur le rôle du moine. Il ne doit pas chercher à acquérir la science. « Pourquoi cherches-tu dans les livres, celui qui est vivant ? ». Lettre : « Paris est la source des vices ». Contexte. La fonction professorale n’est plus compatible. Les cisterciens ne prennent que des futurs moines. Des monastères bénédictins font de même. Retard de l’âge d’entrée. Manière de caser un fils de famille noble. Une bonne partie des moines d’une abbaye est handicapée, mais de bonne famille ! Grand essor des villes, c’est que se trouve la demande. Éclipse des Écoles monastiques. Les chanoines réguliers n’ont pas une vie cloîtrée. Ils acceptent plus l’enseignement.

b.Les Écoles épiscopales ou capitulaires

Rôle essentiel des chanoines. L’encadrement réel est assuré par les chanoines. Ouverture d’écoles qui s’arrêtent à l’âge de 15 ans. A Paris, on trouve un peu de tout. Les grands intellectuels sont obligés de se déplacer. La venue de l’école est liée à l’exercice du culte. Large place aux enfants pendant les cérémonies. Recrutement d’enfants expérimentés pour le chant. Rôle important même avant. Pureté de la voix. Symbole : les anges. Le chapitre peut nommer l’écolâtre ou le scolasticus. Il joue un rôle de directeur d’enseignement et de religion. C’est un membre du chapitre ou d’ailleurs. Il exerce aussi des fonctions de chancelier. Il recrute des assistants. Il leur laisse l’apprentissage élémentaire. Cours les plus approfondis pour lui. Clerc, tonsuré, relevant de l’Église. Pas concernés par la justice laïque. Ils reçoivent pour certains ordres. Membres du clergé. Tonsure ne signifie pas ordonné. Ce n’est qu’après, peut être ordre mineur ou majeur. Au Xie et XIIe s, augmentation du nombre d’élèves. Le nombre d’écolâtre est insuffisant. Les anciens élèves aspirent au professorat sans trouver les postes qui conviennent. Au XIIe s, introduction de la « licensia docendi ». C’est la licence, la permission d’enseigner. C’est un diplôme qui reconnaît l’aptitude à transmettre des connaissances. Années 1170. En 1179, concile de Latran III insiste sur l’institution. Canon XVIII : « possibilité de lire ne soit pas enlevée aux pauvres ». Aucun prix ne doit être exigé. Pas d’interdiction d’étudier en licence. Reconnaissance des mérites. C’est un diplôme, pas un concours. Licence, niveau à remplir. Ce n’était pas facile. Pas bien vu de voir multiplier les licensiés par les écolâtres. Baisse du nombre d’élèves.

c.Les universités

Ce sont la conséquence de la renaissance intellectuelle du XIIe s. Désir de trouver de nouvelles disciplines que ne fournissent pas les Écoles. Organisation du corps de métier. Les professionnels exercent le monopole de leur profession. Compagnons, maîtres. Constitution avec le modèle des métiers. Parallèle avec maître et apprenti. Esprit d’association entre 1170 et 1200. Bologne et Paris. La papauté n’a trouvé que des avantages à développer des centres novateurs d’où pouvaient sortir des bons enseignants. Affronter les hérésies en éduquant. Vers 1200, charte de Philippe Auguste aux maîtres de Paris. On retient cette date : 8e centenaire de la Sorbonne. Avec en 1245, l’apparitio du sceau de l’universalité prouve l’accord du Pape. Les étudiants sont les « suppots », de « sub positus », placé en dessous. Ajout de gens de métier : copistes, appariteurs, barbiers, apothicaires. Organisation de l’université en facultés. Distinction entre le droit civil et canon. La faculté de théologie est le sommet.

Élection d’un doyen, de decanus, « chef d’une dizaine de personnes ». Ca na pas le sens ici de la personne la plus âgée. Il y a aussi la « nation ». Elle réunit les étudiants d’une même région ou pays. France, île-de-France, Midi, Espagne et Italie. Procureur, représentant du groupement d’étudiants. A la tête des facultés, le responsable portait le titre de recteur. Il est élu par les doyens. Privilège du « for » : être jugé par ses pairs. C’est Napoléon qui a créé les Académies. Pas de bâtiment spécifique. Location ou prêts par des établissements religieux. Les cours pouvaient avoir lieu dehors. Les grands examens se tenaient dans des églises. A l’abri des contraintes. Les maîtres étaient exempts de service militaire. Détaxe sur le vin et la bière. Prix contrôlés pour les chambres pour permettre aux étudiants de se loger à des prix raisonnables. Exemption de taxes. De la papauté, privilèges pour les bénéfices. Charges de chapelain ou de curé, sans occupation du poste pendant 5 ans. Un vicaire remplissait leur travail. Globalement, les rois sont favorables. Entre eux, les étudiants parlent latin. Ils sont punis s’ils parlent une langue vulgaire. Les grades. La license est obtenue devant un jury de maîtres. Le baccalauréat relève de la hiérarchie interne de l’université ; c’est le premier cycle. Bachelier en droit, médecine ou théologie. Laureatus. Pour être maître, il faut passer son doctorat. Cérémonie très solennelle de de réception. On ne laisse pas soutenir une personne qui n’est pas au niveau exigé. Disputes au sens de débats où face au bachelier et à ses futurs pairs, le candidat défend sa thèse. Au moyen-âge, la taille de la thèse est plus légère ; des thèmes de chapitres. On défend de manière orale. Pas de possibilité d’obtenir des milliers de feuillets. A la fin, réception des insignes de son grade. La barrette, le bonnet carré, un anneau d’or et un livre. Le nouveau docteur doit offrir un banquet somptueux. Pas de soutien qui veulent entrer dans la chancellerie. Les historiens sont en jaune. Violet pour la théologie et les sciences. Études très longues ; 15 ans pour être docteur en théologie.

Qui rencontre-t-on ? Les étudiants riches qui pouvaient se loger avec des serviteurs pour se préparer aux principaux offices. Poètes : Villon, Ruteboeuf. Il y avait 5 mille étudiants à Paris. La vie était chère. Il fallait acheter des livres, le droit d’immatriculation, payer les honoraires pour les professeurs. Petits travaux ou emprunts.

Les collèges sont pour les étudiants pauvres. Institution charitable qu’un fondateur généreux a fourni des bâtiments et des revenus constants. Premiers collèges à Paris. En 1180, le collège des 18. Robert de Sorbon, chapelain de Saint Louis. Pour 16 étudiants, collège -> la Sorbonne. Vers 1300, 14 collèges de ce type. Rôle non négligeable dans la vie universitaire. Les « disputes » de la Sorbonne ont acquis de la renommée. Pas de bâtiment propre au début. Les collèges vont évoluer vers la fonction d’enseignement. Siège de la faculté de théologie. La question du coût de l’enseignement. Gratuité. Vias à vis de l’enseignement, la mentalité était de considérer qu’ils n’étaient pas monnayables. Le savoir est un don de dieu. Pas de transfert par l’argent. Mais, il faut tout de même rémunérer l’enseignant. Charge ecclésiastique non occupée qui donnaient les revenus. Les intellectuels du moyen-âge de Legoff. Acceptations de cadeaux.

2.Les méthodes

La leçon, « lexio », lecture. Lire pour expliquer. Enregistrer avec sa mémoire. On apprenait par coeur. Disparition avec le développement de l’imprimerie. La synthèse personnelle est indispensable. Restituer par coeur au moyen-âge. Psaumes à apprendre. Apprendre des citations. Ce n’est pas possible de prendre des notes cursives ; on calligraphie avec la plume. La tablette sert d’ardoise. On écrit dessus avec un stylet. Une fois appris par coeur, le texte est effacé pour le cour suivant. Les maîtres commentent les livres les plus importants du programme. Les leçons extraordinaires par les bacheliers, sorte de commentaire de texte. La « disputation », discussion. On choisit une question et le bachelier doit présenter la question et se disputer avec ses auditeurs. Réponse aux objections. Puis, le maître met fin à la question. Une ou deux fois par an, il y a des « disputes » extraordinaires ou disputes de quolibet (« quod libet », hors sujet). On est moins borné par les ouvrages. Il faut faire preuve de réflexion. Part importante de la forme orale de l’enseignement. Beaucoup d’étudiants seront des clercs, certains des juges, ou porteurs de messages officiels. Locations de livres à des tarifs fixés par l’université. Multiplication des livres. Dizaine de copistes recopient sous la dictée un livre pour multiplier le texte.

L’année universitaire comptait 140 jours. Jour de la saint Denis, le 9 octobre. Les cours se terminaient le 29 juin, à la saint Pierre, saint Paul. Rythme conservé.

3.Les programmes

L’enseignement élémentaire apprend à lire, écrire, compter. La lecture et l’écriture sont dissociées. Certaines personnes ne savaient que lire. Charlemagne écrivait très mal, mais lisait même le Grec. Calcul avec les doigts. L’abaque pour les calculs plus complexes. Dans les bibliothèques, ouvrages bilingues : latin et langue vulgaire. A l’époque, le latin est une langue vivante parce qu’il est parlé. On apprend le latin dans le manuel de Donat, L’ars minor. Verbe, déclinaisons, conjugaison, métrique, etc. Puis, c’est la faculté des arts. Ensuite, celle des arts libéraux avec sept disciplines fondamentales, fixées au VIIIe s. Trois disciplines ou « trivium » : la grammaire, la rhétorique et la dialectique. Une groupe de quatre ou « quadrivium » : artihmétique, géométrie, astronomie et musique.

L’ars major est le manuel de grammaire. Une fois le sens littéral maîtrisé, on apprend le sens des mots et on gagne la sentence. Les lextes lus en classe sont des classiques. Cicéron, Horrace, Virgile. Canon d’auteurs classiques. 150 oeuvres de 800 auteurs. Leur survie est dûe à leur étude pendant les cours. L’enseignement de la grammaire est aussi la littérature. Histoire et géographie. La guerre des Gaule, Jules César. Histoire naturelle de Pline. On apprend l ’histoire grecque et romaine ; pas d’histoire contemporaine. Les auteurs antiques écrivent des récits fabuleux. La rhétorique est l’art de bien parler. Cicéron sert de modèle. Le maître enseigne la péroraison, les figures de rhétorique. Panégyrique de telle personne. Discours sous forme de dispute. Défense d’Hannibal. Préparer à l’argumentation en latin. Ecriture d’une lettre ; manière bine précise. Comment s’adresser à un supérieur, à un ami. Écrit en pensant à la postérité. La dialectique est l’art de bien réfléchir ; philosophie. On accède à la philosophie grecque grâce à Bièce, début VIe s.

Le quadrivium est plus scientifique. Architecture avec le Traité d’architecture de Vitruve, contemporain d’Auguste. Calcul du calendrier avec l’arithmétique. L’astronomie permet de connaître les rythmes solaires et lunaires. Les dérives astrologiques sont condamnées par l’Église. Observation du mouvement des planètes. Un élève de Gerbert enseignait l’astronomie en plaçant des sphères mobiles. Seulement après, révolution copernicienne. Les gens cultivés du moyen-âge s’imaginaient pas que la Terre était plate, car il y a Ptolémée. La musique est la théorie musicale, contraire du chant, la pratique. Lettres données aux notes. La seule solution était d’apprendre par coeur. Au Ixe s, apparition des neumes, petits signes qui indiquent une note accentuée qui monte ou qui descend. Le sol : g ou gama. La clé donne l’information sur la ligne. Multiplication des lignes. La portée médiévale a quatre lignes. Gui d’Arezzo, moine italien, Écrit un hymne dont chaque ligne commence par une ligne supérieure. Les premières lettres du textes donnent l’ordre : do-re-mi, etc. Ensuite, on peut aller en médecine. Villes pour la médecine : Chartes et Montpellier. Pratiquer la saignée, confectionner les médicaments. « Le médecin est comme le vin. Il guérit parfois. Il soulage toujours. » Recette célèbre avec 90 ingrédients dont des cornes de cerf, du pavot et du bon vin.

La théologie est la discipline dominante. C’est le couronnement de la formation des clercs. Explication de la parole divine. La théologie a pour but de scruter l’ancien testament, le nouveau, l’épître, les Pères. La démarche, comme dans les arts libéraux, repose sur des questions. Disputes pour faire sortir une explication. Petites fiches pour rassembler 10 mille mots de la Bible pour pouvoir trouver la page de l’occurrence. Les versets datent du XVIe s. Cours d’hébreux en 1240. On travaille sur le sens du texte. Sens littéral. Contexte du récit. Les hébreux sont mordus par des serpents d’airain. Dans l’évangile de saint Jean, association entre le serpent et la croix. La cité de Dieu de saint Augustin. L’ancien testament cache le nouveau et réciproquement. Leçon pour la vie quotidienne. La somme de saint Thomas d’Aquin. 25 mille citations. Il a enseigné à l’université de Paris. Instruction des femmes. Moins de soins intellectuels que les garçons. Monastères avec des religieuses. A l’époque carolingienne, éducation des filles est distincte de celle des garçons. Pas de classes mixtes jusqu’à 1968. Il n’y avait guère d’institutions hors des monastères. Précepteur pour les élites. Les femmes lettrées existent. Les religieuses écrivent de la musique et des pièce de théâtre. Hildeguarde de B. Écrit des chants. Les princesses d’Aquitaine. Dames dédicatrices de romans courtois dans la bonne société. Jeanne d’Arc, fille de paysan : « je ne sais ni le a ni le b ».

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