Ulysses Saloff-Coste

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Le monde franc (614-814)

mercredi 19 octobre 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Il y a un paradoxe dans l’histoire du monde carolingien qui prouve qu’il ne faut pas céder à la tentation des idoles des origines, selon Marc Bloch. Seuls 200 ans séparent l’accession des ancêtres carolingiens au sein des fonctions importantes en Austrasie : Pépin en maire. Arnulf. Apogée politique, même si discutable du monde carolingien. En 614, Saint Arnulf, évêque de Metz. En 814, mort de Charlemagne à Aix-la-Chapelle. Mais, l’histoire du monde carolingien ne peut être dissocié de celle du monde franc en général. Mais, si 814 est important pour la famille pépinide. Elle est aussi dans l’histoire des Francs. Elle clot presque un siècle d’affrontement qui ont occupé les descendants de Clovis.

I. Récit des temps carolingiens

Titre écrit par un historien du XIXe s. Les « rois de la première race », ou les « rois chevelus » ou les « rois fénéants ». Augustin Thierry (1795-1856) ne fait plus partie des bibliographies. Son nom offre une entrée en matière utile. Thierry est la traduction du latin “Theodoricus”, nom du fils aîné de Clovis.

A. Les fils de Clovis

1) Partage
Gravure célèbre : quatre examinateurs en toge, avec un étudiant intimidé. « Vous ne connaissez pas le nom des quatre fils de Clovis. Encore quelqu’un d’inutile à la société ». En 511, Clovis meurt. Il a soumis à son pouvoir l’essentiel de la Gaule. Il lui manque pourtant un accès à la Méditerranée. Un autre problème : sa succession. Père de quatre fils. Deux difficultés : les traditions franques en matière de partages successoraux. Les fils n’ont pas la même mère. L’aîné a une mère païenne. Théodoric, Clodomir, Childebert et Clotaire.

2) Territoires
Clodomir meurt en 424. Ses enfants sont tués. Partage des territoires. Thierry meurt en 533. Lui succède Theodebert († 547), puis, Théodebald († 555). Childebert meurt en 558. Clotaire ramasse la mise. Il réunifie le monde franc. Achèvement du monde franc. En 534, conquête du royaume des Burgondes. En 537, le vieux rêve du père est atteint ; fenêtre sur la Méditerranée. Clotaire meurt en 561.

B. Les fils de Clotaire

La mort de Clotaire ouvre une période de trouble jusqu’en 587. Opposition des fils de Clotaire. Grands ensembles territoriaux. Structures sociales.

1) Structures territoriales
Partage du royaume entre ses fils. Le découpage définit les contours du monde franc pour plusieurs siècles. Territoires dont les noms sont restés attachés tout au long de la période carolingienne. Le premier est Sigebert (Est). Gontran (Burgondie, Orléans), Charibert († 567 ; Paris), et Childéric (Soissons). Ce dernier reprend l’héritage de son frère Charibert. Trois grands ensembles alors. L’Austrasie pour 1er. La Bourgogne en 2e. La Neustrie pour le 4e. Cela jusqu’au VIIIe s. Mariages et beaucoup d’enterrements.

2) Quelques mariages et beaucoup d’enterrements
Assassinat politique est le mode de gouvernement le plus efficace pour l’époque. En 566, mariage de Sigebert met le feu aux poudres. Il décide d’épouser Brunehaut. Elle était la fille du roi wisigoth d’Espagne. Chilpéric est jaloux, déjà marié à Frédégonde. Envoi de Galswinthe au Franc. Chilpéric renoue avec Frédégonde. Pas de leurre. Pour l’Empire carolingien, Catherine de Fermas. Tableau récapitulatif : quatre légitimes. Pas de risque d’être son descendant. « Anti-pape » pour Le Goff. D’accord avec Demouy, mariage pas très stable. La wisigothe lance un ultimatum. On la retrouve baignant dans son sang. Grégoire de Tours accuse les amants diaboliques. Même s’il n’y a pas de preuve, rumeur. Sigebert et Brunehaut vengent la wisigothe (sœur de Brunehaut). En 570, une histoire de règlement de compte commence. « Faide Royale ». Chilpéric recule devant la coalition réunie par son frère. Il contre-attaque. Il envoie deux ambassadeurs armés d’un scramasaxe. Empoisonné. Il ne reste alors que Brunehaut avec Childebert II. Chilpéric met la main sur Brunehaut. Mais, le fils s’échappe et l’aristocratie austrasienne met le petit à l’abri.

3) Les valeurs de la famille Chilpéric
Chilpéric est contraint de relâcher Brunehaut. Elle épouse Mérovée, fils de Chilpéric. Il est tondu et envoyé au monastère. Mais, Mérovée fait une mauvaise chute. Grégoire de Tour accuse la pauvre Frédégonde de tous les meurtres. Chilpéric est assassiné en 584. Mais qui ? Clotaire I avait quatre fils. Gontran a proposé avant sa médiation et sa protection à l’orphelin et à la veuve. Mais, il bascule dans le camp de Brunehaut. Tout est réuni pour faire la paix.

4) D’Andelot à la paix retrouvée (587-613)
Le traité d’Andelot. Le grand-père de Clovis donne le nom de Mérovingien. Le 28 novembre 587, dans la région de Chalon sur Marne, réunion de Childebert II, Brunehaut, Gontran, etc. Excellent tableau à la fin des “Origines franques”. On prévoit que les royaumes reviennent au dernier. Le fils de Frédégonde et Chilpéric, Clotaire II est quantité négligeable. En 596, Childebert II récupère les possessions de Gontran, mort la même année. Partage de ses fils : Théodebert et Thierry. Frédégonde en 597 meurt de mort naturelle. Petit orpphelin âgé de 13 ans. Il porte le nom de la famille : Clotaire II.

Clotaire II s’allie avec deux personnages importants : Arnoul et Pépin de Landen (l’Ancien). Brunehaut qui ne doute de rien, veut que Sigebert II soit roi d’Austrasie. Mobilisation des Grands d’Austrasie contre la tentative. L’heure de Clotaire II sonne. Il se fait livrer les descendants de Brunehaut. Elle est livrée à Clotaire. Exécution après un rituel particulier. Attachement par un bras, une jambe et la chevelure, lancement d’un cheval au galop. Clotaire II l’a fait parce que : promenade sur un chameau, à l’envers. C’est un animal exotique qui sort de la ménagerie royale. Très grand pouvoir. Rituel parodique : elle n’a plus les signes extérieurs du pouvoir. Philippe Bul (Stamford) et Alibert ont montré que le roi a le pouvoir de régner sur le monde animal. Musée du Louvre. Thème qui remonte à la Mésopotamie. Si Brunehaut était encore apte à régner, le cheval s’arrêterait. Sacre du roi de France jusqu’à Charles X. Le touché des écrouelles. Le plus grand livre pour Alibert : “Le roi thaumaturge”. Révolution de l’histoire politique. Accélération du monde franc sur deux points : territoire et mutations sociales et institutionnelles.

5) Les grands, première
Ils jouent un rôle déterminant dans les différents combats entre rois mérovingiens. Ce sont eux qui sauvent la mise de Childebert II. Ils ont permis à Clotaire de venir à bout de Brunehaut. Il n’est tombé que parce que elle avait été critiquée et combattue par les Grands. La montée en puissance des Grands, a eu pour conséquence l’évolution des pouvoirs du premier des serviteurs du palais royal. Le plus important de la maison : le « major domus », majordome. C’est le “maire du palais”. Il apparaît dans la loi salique, cité par Grégoire de Tour dans le récit de 589. Il voit sa fonction évoluer dans une région qui catalyse cette fonction.

C) Ca se lève à l’Est

C’est l’Austrasie. Le hasard n’est pas un facteur à négliger en histoire. Importants atouts naturels. Elle a échappé à l’épidémie de peste. Avenir déterminé en ce lieu pour le monde franc. Deux personnalités clefs des épisodes précédents. Arnulf, un Grand qui aide Clotaire II a se défaire de la vieille Brunehaut. Il est promu évêque de Metz. Maire du palais, Pépin Ier (l’ancien). Le mot latin est Arnulfus, donc soit Arnoul, soit Arnulf. Rodolphe ou Raoul. L’Austrasie a acquis la conscience de sa spécificité régionale. Socle en béton. Toute l’histoire du monde carolingien s’est jouée là. Echec de Louis le Pieux, peut-être dû à la décentralisation vers l’Ouest.

Les Austrasiens sont conscients de leur rôle dans la réunification de Clotaire II. Ils lui réclament un roi qui leur soit propre. Clotaire II cède et leur envoie un fils.

II. Dagobert et successeurs

A) Le prédécesseur

Roi depuis 584. Règne sur l’ensemble des Francs de 613 à 629. Unification du royaume, non vue depuis 50 ans. Mutations qui jettent les bases du siècle carolingien. Publication d’un Edit qui lui est attaché. L’Édit régit les relations entre le pouvoir royal et le corps épiscopal. Édit de Clotaire II en 614. Désormais la place du roi devient plus importante dans la procédure d’accession à l’épiscopat et dans le même temps le roi s’octroie le droit de placer sur les sièges épiscopaux ses anciens collaborateurs des palais royaux. Son fils Dagobert et ses successeurs ont fait un usage régulier de la procédure. Pour le Prince, c’est un outils politique de premier plan. Dans le même temps, Clotaire instaure une territorialisation de la fonction publique qui conduit à recruter localement les fonctionnaires royaux. Cela permet de les rendre responsable de leur gestion.

B) Du bon usage des adjectifs

Dagobert traîne sa réputation depuis le XIXe s. Pour comprendre le règne de dagobert, il faut retourner aux sources et aux évènements. Règne court. Dix ans sur l’ensemble des royaumes des Francs. Trace réelle dans la mémoire collective. Au point que le propre trône de Charlemagne a été pris pendant 800 ans pour celui de Dagobert. Son règne apparaît rétrospectivement comme le dernier moment de stabilité politique, de puissance de la dynastie mérovingienne avant l’effondrement de cette dernière.

1) Roi des Austrasiens
C’est l’une des conséquences de l’aide qu’avait apporté l’aristocratie austrasienne dans sa lutte contre Brunehaut. A 15 ans, Dagobert est roi des Austrasiens en 623. Le roi des Francs disposait sur place d’un relais efficace. Arnulf, ancien membre de l’administration palatial avait été promu évêque de Metz. Pour compléter le dispositif, Pépin Ier est nommé à la mairie du palais. Initiation du jeune Dagobert à la politique. Si on croit le pseudo Frédégaire, Dagobert régnait avec un tel bonheur, qu’ils avaient soumis le vœu de se soumettre tous à sa domination. A la mort de Clotaire II en 629, Dagobert devient roi des Francs sur l’ensemble des royaumes.

2) Roi des Francs
Fort d’appuis, de contingents austrasiens, Dagobert s’impose dès la mort de son père, dans les deux autres territoires : la Neustrie et la Bourgogne. Sa réputation lui permet même d’entamer même des relations diplomatiques avec des peuples, proches ou éloignés, que ce soient les slaves à l’Est, ou les Bretons du roi Judicaël. Après le retour de l’Aquitaine, mort de son frère. Il parvient à contenir une troisième peuplade. En 638, juste avant sa mort, les Basques sont contrôlés. Mais, il est contraint de donner un roi aux Austrasiens. Il le fait en donnant le fils qu’il avait eu avec une Austrasienne : Ragnetrude. La progéniture de Dagobert porte un nom classique : Sigebert, n°3. Le fils de la Neustrienne, Nanthilde, Clovis qui hérite de la Neustrie.

3) Mémoire
Légende de la mémoire de Dagobert. Dès 835, rédaction de textes dont il est le héros. Son règne marque un temps d’apogée de la dynastie mérovingienne. Il marque surtout le dernier temps d’unité avant les combats régionaux. La division des trois royaumes. Le drame du fin du monde mérovingien ne peut s’explique autrement.

C) Les successeurs impuissants

Dès le règne de Clovis II en Neustrie. La situation change de visage. Nanthilde, la mère du jeune roi et deux maires assurent le pouvoir. Les maires sont Aéga et Erchinoald. Clovis II (639-657). Clovis III (657-673), même scénario : sa mère Mathilde et le maire Ebroïn. Le pouvoir est aux mains des maires du palais. Il ne faut pas prendre pour argent comptant les premières sources carolingiennes. Dans certains cas, le roi est assez puissant pour faire reculer les Grands comme le montre un jugement rendu par Childebert III (695-711). Comme le prouve un jugement rendu par Childebert III face à Drogon II, fils du très puissant maire du palais Pépin II. L’histoire du VIIe s, histoire de l’affrontement des différents maires.

III. L’évêque, le maire et leurs enfants

A) Des hommes et des institutions

1) Des débuts prometteurs
En 614, Arnulf est évêque. Arnulf et Pépin gouvernent l’Austrasie. Clotaire II ne veut pas que son fils de la politique. Chrodoald, noble bavoirien, réveil un coup létal. La fonction. Henri de Plantagenêt. Ce n’est pas la joie. Il doit faire face à son fils aîné. Son cadet, Richard passe une alliance avec Richard. Quand mourant, demande de la liste des comploteurs. Le premier nom aurait été Jean, son benjamin. Les mœurs politiques du moyen âge. L’évêque est un personnage politique. Il est de tout premier temps.

2) Fonctions
Le maire du palais est le premier des serviteurs du roi. Ministre, le serviteur. Maire du palais et évêque est ce qu’il y a de plus puissant dans un royaume.

3) La reconnaissance des puissants
Il attribue le poste de maire du palais à Adalgyse. Dagobert n’a pas pris le risque de laisser Pépin seul au pouvoir en Austrasie. Dagobert installe son fils Sigebert II en roi d’Austrasie vers 632-634. Pépin attend son heure. En 639, Dagobert meurt. Et Pépin reprend le chemin de l’Austrasie. Il y retrouve la mairie mais il décède en 640. Arnulf s’était retiré des affaires du monde en 629. Il meurt vers 641-642. Avec ces deux disparitions s’ouvrent des temps difficiles.

B. Des années difficiles (640-680)

1. De la hâte en politique
Sigebert III nomme un opposant au camp de Pépin. Le maire nommé est éliminé par une révolte des Alamans. Période de turbulence. Mise sur la touche de Dagobert II, fils de Sigebert III. Dagobert II est tondu et envoyé en Irlande. Les Grands d’Austrasie n’apprécient pas et Grimoald est éliminé en 662.

2. Des dissensions et des éliminations
Dagobert II retrouve son trône en 676. En 679, il est assassiné. Les rumeurs parlent de Pépin et Martin comme responsables. Le meurtrier s’enfuit précipitamment en Neustrie. Il est accueilli à bras ouverts par un moine du palais. Ce dernier pensait pouvoir unifier les deux mairies du palais. A côté de Laon, bataille entre austrasiens et neustriens. Les Austrasiens sont battus et Martin reste sur le champ de bataille. Ebroin se réveille avec une masse sur lui. L’assassin se rend en Austrasie chez Pépin.

C. Et un, et deux, et trois (680-714)

1. Un fils de famille
Il est le descendant de Pépin et d’Arnulf. Les réseaux de relation laïque et ecclésisistiques. Réseau de monastères. Pépin Ier, père de Begga épouse Ansegisel, enfant de Arnulf. Fils : Pépin II le Jeune. Evêques issus de l’aristocratie. Un longue administrative permettait de devenir évêque.

2. Influence
Il accroît sa zone d’influence. Efficacité importante. Affrontements entre la Neustrie et l’Austrasie entre les maires du palais. En 687, les austrasiens battent les neustriens. Pépin prend le contrôle des deux mairies. L’unification est faite. Pépin devient duc. Danger des Gascons, Alamans. Les appuis et possession se révoltent. Il épouse la fille d’Hugobert. Cela donne une alliance avec Cologne. Le roi mérovingien est toujours là.

Conclusion

Les descendants de Pépin Ier et d’Arnulf ont réussi à s’imposer. En 714, mort de Pépin II. Peu avant, son fils Grimald était tombé sous les coups des armes. Le destin de la mairie repose alors que Théodebald, âgé de 6 ans ? Sa grand-mère revendiquait le pouvoir en son nom.

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