Ulysses Saloff-Coste

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Le temps de Charlemagne (768-814)

mercredi 30 novembre 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Qui aurait pensé que l’œuvre de Pépin allait passer dans l’ombre avec les éclatants succès de son fils et successeur ? Même s’il y a encore des zones d’ombre, il reste un des temps majeurs de l’histoire européenne. Vrai problème. Tendance de chercher dans le règne de Pépin, les prémices. Mais, le règne de Charlemagne est la continuation de celui de Pépin. Réformes initiées par le père. Domaines pourtant influencés par les évènements. L’Italie, la Bavière, etc. C’est trois points sont également des points de fixation.

I. L’héritage de Pépin le Bref
Partage du royaume. Gouvernement de ses fils de leur territoire attribué par leur père.

A. Le partage du royaume
Peu de sujets ont apporté tant de discordes. La situation est complexe. Pépin avait constitué deux ensembles territoriaux. La part de l’aîné entoure celle du cadet. Les deux capitales sont proches. Carloman était à Soissons, contre Noyons pour Charles. Possession de territoires pris à la Neustrie et à l’Austrasie. Pépin souhaitait maintenir l’unité territoriale et politique du royaume.

B. Questions en suspens
Deux hypothèses. Soit prévision dans l’absence de collaboration, soit pas de prévision. Pas d’entente entre les deux frères. La mésentente se manifeste à propos de l’Aquitaine. Autour de 769, Hunald, le fils de Waïfre, commence à s’agiter. Charles intervient et non Carloman. Le cadet ne souhaite pas fournir de troupes à son frère. L’autre indice est le rapprochement entre Didier, roi des Lombards et Carloman. Charles a épousé une fille des Lombard. Pas apprécié par Charles. Les relations sont bien mauvaises. Heureusement, Carloman a la bonne idée de mourir naturellement en 771, car le conflit aurait dégénéré.

C. Affaires de famille
Charles fait le ménage à la cour. Il met à la touche sa mère. Bertrade est reléguée dans un palais. Pour la veuve de Carloman et le fils, refuge chez Didier. Charles se débarrasse de sa Lombarde. Didier joue le neveu contre l’oncle. Il réclame que l’on sacre le fils de Carloman. Mais, il déclare la guerre. Il reprend son offensive. Hadrien Ier (772-795), sainte crapule, un des plus beaux faussaires. Crapule de Constantin V, pas appel à Byzance. Appeler le roi des Francs. Relations entre la Papauté et Charlemagne. Intervention en Italie. Charles se lance dans des conquêtes qui vont durer plus de 25 ans, sans le savoir.

II. Le temps des conquêtes

A. L’armée de Charlemagne

1. Présentation générale
Environ 35 mille cavaliers et 100 mille fantassins. Les paysans libres élèvent la bête pour la guerre. Charles s’est investi dans l’élevage des chevaux. Dans le fisc d’Annapes, de nombreuses juments.

2. L’équipement
Lourdement équipé, le soldat possède un arc. L’épée franque est lourde de près d’un mètre de long. Elle se manie à deux mains et est complétée par un glaive à lame courte et un coutelat qui permet d’achever le guerrier blessé. La lance du cavalier est différente du javelot du fantassin. Le cavalier se protège à l’aide d’un bouclier, cadre en osier d’une relative petite taille et la cuirasse qui recouvre le corps du guerrier est une veste en cuir sur laquelle sont cousues des plaques de métal. La tête est protégée par un casque. La question : présence de l’étrier. La cavalerie franque en disposait depuis le temps de Charles Martel. Peut être pas l’élément déterminant de victoire.

L’archevêque reçoit l’ordre de l’empereur et le transmet à ses subordonnés. Abbés prévenus en cas d’appel. Comme service national, il n’est pas question de délais. Se mettre en route le soir si reçu le matin, etc.

B. Vers le sud

1. Vers l’Espagne
Vers 769, sa campagne est un succès. En 781, seconde expédition et installe son fils Louis à la tête du royaume d’Aquitaine. En 778, Charles veut reconquérir les territoires aux mains des musulmans depuis 711. Il s’est laissé convaincre par la rumeurs selon laquelle un chef voulait se convertir. Soleiman, Ibn-al-Anadi. Siège, mais échec. Il rentre alors en Gaules. Son arrière garde est tombée sur les coups des Basques. Le col pyrénéen est resté célèbre dans l’histoire et dans la littérature. Roncevaux et Rolland. Le roi a ensuite mené une patiente politique de conquête au nord de la péninsule ibérique. En 805, création de la marche d’Espagne dont la capitale est Barcelone. Embryon de la future Catalogne.

2. Vers l’Italie
En 773, répondant au Pape Hadrien, il rassemble ses troupes à Genève. Il fond sur le royaume Lombard avec deux corps d’armée. Passage par le Grand Saint Bernard entre autre. L’armée de Didier s’enferme dans Pavie. Mais, Charles ne rentre pas même pour une campagne d’automne. Il hiberne devant Pavie. La faim, la fatigue et le froid font leur œuvre. Reddition de la ville. Le 5 juin 774, résolution du problème lombard en annexant le royaume des Lombards. Il est roi des Francs et des Lombards. Charles garde toujours un œil sur les affaires italiennes.

C. A l’Est

1. La saxe
Pendant 34 ans, activité tournée vers la Saxe. Menace à l’Est du royaume franc. Germaniques et païens ! Dans un premier temps, c’est plus une démonstration qu’une réelle tentative de conquête. Malgré la prise des retranchements saxons et la prise de lieux de paganisme comme Inminsul, la conquête est lente. La révolte gronde. Dès 778, les annales royales qui sont peu enclines à rappeler les échecs du roi des Francs, la figure de Widukind, chef saxon qui conduit la rébellion. Campagnes successives de Charles. En 782, l’armée de Charles massacre 4 500 saxons. Nettoyage ethnique à haute dose. En 785, le chef se rend. Edition du premier capitulaire aux Saxons. Le plus dur jamais imposé à un peuple vaincu. Le diktat tend la situation en Saxe. En 793, la Saxe est à nouveau le lieu de fixation des armées carolingiennes. A partir de 797, la paix semble s’installer à nouveau. Nouveau capitulaire beaucoup moins dur. Il faut attendre 804, pour que la Saxe soit totalement intégrée au monde franc. Différene entre les deux capitulaires. Le second établit.

2. Les Frisons
Ce sont des vieilles connaissances de Charles Martel. La Frise est proche de la Saxe. Les Frisons soutiennent les Saxons dès qu’ils se révoltent. Tarif de la révolte, en 785, la Frise est calmée.

3. La Bavière
Dynastie locale qui fallait mettre au pas. Tassilon, devenu duc des Bavarois. Même si vassal fidèle entre 757 et 753, depuis il ne remplissait plus ses obligations. Jusqu’en 751, Charlemagne ne s’en préoccupe. En 781, avec l’appui du Pape, Charles décida de faire rentrer le duc dans le rang. Le duc renouvelle son serment de fidélité. Mais, en allumant la télé, il a des idées de révolte en voyant les Saxons se révolter. En 787, il décide de raisonner le duc. On commence par négocier. On exige de lui qu’il se soumette. On le prévient que le recour à la force peut avoir lieu. C’est ce qui se passe en 787. Trois armées franques enserrent la Bavière et contraignent le duc à négocier. Dès le départ des Francs, le duc revient sur ses engagements. Alors, duc est traduit en justice. Complot, intelligence avec l’ennemi. Peine de mort est transformée en enfermement dans un monastère. Statut particulier de la Bavière est conservé.

4. Les riches Avars
Peuple d’Asie qui avait gardé des coutumes. Titre de Khaghan pour leur roi. Leur trésor est conservé dans le ring. Leur chef soutiendrait les Saxons. En 795, une petite armée carolingienne réussit à mettre la main sur le ring. En 796, prise définitive des trésors des Avars.

Fusion des Saxons et des Francs permet la fin de la guerre. L’immense ensemble territorial devait avoir des conséquences sur le plan institutionnel et politique.

III. La restauration impériale

A. Conditions extérieures

1. Rome tombe en quenouille
En 776, l’empereur Léon III associe son fils au trône. En 781, le basileus s’éteint. La mère de Constantin assure le gouvernement de l’Empire. Irène. Constantin a son bac à sable. A partir de 790, les affrontements se multiplient. Constantin accumule les maladresses. Il se prive des soutiens qui pourraient l’aider. Irène fait aveugler ses fils. Irène prend le pouvoir. Elle est éliminée.

2. Tensions entre l’Est et l’Ouest
La Papauté a un nouveau protecteur. Charles écrit à propos de l’impératrice : « La fragilité du sexe ne lui permet pas de tenir tête aux hommes ». Retourne à tes casseroles.

B. Arguments occidentaux

1. Maintenir l’unité
En 799, lettre d’Alcuin à Charlemagne. La chrétienté obéit à une seule hiérarchie. Le roi des Francs est le seul à pouvoir coiffer la couronne impériale parce qu’il surpasse les autres par la sagesse. @

2. Le Pape et l’Empereur
L’appui du Pape n’est pas sans arrière-pensée. Hadrien (772-795). Mémoriser dates pour les Papes. Œuvre de duperie. Un fau rédigé dans les bureaux pontificaux qui prétend que Constantin quittant l’Italie, aurait confié au Pape la prééminence sur Rome, l’Italie et l’Occident. Désormais la papauté a pris le pas sur la royauté. Entre 791 et 800, Charlemagne rappelle la prééminence de la fonction royale en hésitant pas à prendre à contre-pied Rome. La situation politique en Italie est en sa faveur. Alors le vicaire doit respecter la volonté de Charlemagne. De plus, Charles contrôle les nominations aux sièges épiscopaux. Il intervient dans la législation canonique. Cela place Charles à égalité avec le Pape à la tête de l’Eglise. Dans les faits, il s’octroie des libertés.

C. Le déroulement des évènements

1. Les acteurs
Les principaux acteurs de l’affaire sont Charles, le Pape et l’aristocratie romaine. De 795 à 816, Léon III. Peu d’informations à propos de ce Pape. Il ne fait pas partie de l’aristocratie. Il a du affronter l’aristocratie de la ville éternelle. Dès son élection, il cherche l’appui de Charlemagne. Peu d’estimes pour ce modeste Pape. Envoi de l’abbé Angilbert pour recevoir le fidélité des Romains, ce dernier conseille au Pape. Léon III a été élu très rapidement après la mort d’Hadrien. Souhait de sortir de l’influence des grandes familles. Deux factions du corps électoral s’affrontent.

2. Les évènements
Tout commence le 25 avril 799, le Pape est victime d’un attentat préparé par l’aristocratie romaine. Plusieurs témoignages. Léon s’en est sorti de justesse. Il se réfugie auprès d’un duc franc. Charles séjourne à Padeborn. Ses ennemis se rendent auprès du roi des Francs. Graves accusations : adultère et parjure. Charles décide d’aller à Rome. Une fois arrivé, il convoque l’assemblée. Le 1er décembre s’ouvre le procès du Pape dont le point culminant est le 23 décembre. Prononciation d’un serment purgatoire. Léon sacre Charles.

3. La cérémonie du 25 décembre
Question qui divise les historiens. Confession : Alibert peut changer d’avis. Sources : Charles reçoit l’onction. Les Byzantins, dans une chronique byzantine : « le roi des Francs peut être sacré ». Après le sacre de Pépin le Bref par Boniface, parler de couronnement pour Charles peut en énerver certains.

Rapport entre la Papauté et le pouvoir royal. Mise à profit de la donation de Constantin qui prétend que le Pape détient les insignes impériaux. Le pontife romain retourne à son profit les évènements. Appelons à la barre Eghinard qui rédige la vie de Charles à partir de 800. Source fiable. Récit de l’événement très explicite. « (...) il aurait renoncé à entrer dans l’Eglise ». Pas de sacre par surprise. Explication dans les annales royales. « quand le roi se levait, le Pape Léon lui imposa la couronne sur la tête ». Léon s’est prosterné devant Charles. Charles est furieux parce que Léon III a habilement modifié la procédure issu de Rome. La première étape était l’acclamation, qui de ce fait devenait empereur. Cette modification pouvait laisser penser que l’empereur devait son pouvoir au Pape. En coiffant son fils de sa propre couronne, l’empereur montre que ce n’est pas le cas. Règne de Charlemagne est l’un des plus longs de l’Histoire de France.

IV. Les dernières années

Article célèbre d’un historien belge, prisme dramatique. Décomposition. Même pas d’interrogation. Pour un âge très avancé à l’époque, il maintient une bonne administration. Avec la cérémonie de 813, preuve qu’il est capable de très beaux coups politiques. Eghinard est mué sur les dernières années. Mais, il est encore capable de tenir sa place sur la scène internationale.

A. La réaction de Byzance

1. Frictions politiques
Pour les Byzantins, la question ne se posait pas. Cet espèce d’empereur était un usurpateur. Il faut donc le ramener à la raison.

2. Affrontements militaires
Dès 803, Nicéphore qui remplace Irène rompt ses relations avec Charlemagne. Ce dernier en profite pour entrer en guerre ouverte avec Byzance et s’empare de la Dalmatie et de la Vénicie. Territoires byzantins. Deal. Byzance reconnaît que Charles est bien empereur en 811. Les territoires sont rendus.

B. 806 ou les destinées de l’Empire

1. Un vieil empereur
Volonté de maintenir l’ordre public et le souci de l’Etat. Il choisit de répartir les territoires entre ses trois fils légitimes pour éviter des troubles. Il procède donc à des partages.

2. Partage
L’Aquitaine, la Septimanie, la Bourgogne à Louis (778), roi d’Aquitaine. Italie, Allemagne à Pépin, roi d’Italie depuis 781. Tout le reste est le cœur du pays franc sont attribués à Charles, sacré roi des Francs par Léon. Accord de défense si péril de la famille. Les trois frères doivent intervenir pour la défense de l’Eglise romaine et du pontife romain.

3. Royaumes ou empires
Le texte du partage ne fait pas référence au titre et à la fonction impériale. Aucun fils ne porte le titre d’empereur. Aucun n’est défenseur officiel du Pape.

4. Rien n’abolira jamais le hasard
Décembre 810, mort de Pépin d’Italie. En décembre 811, mort de Charles le Jeune. En 813, couronnement de son unique fils survivant.

C. 813 ou le triple affront de Charlemagne

1. La décision impériale
Pas de consultation de l’Eglise. Charles a décidé de couronner son fils. Sentiment d’être devenu un empereur au rabais pour Louis. Son père lui reprend sa couronne et l’envoie en Aquitaine. Louis aurait pu penser qu’il pouvait briguer le rang d’empereur associé. Manifestation du peu de confiance qu’il avait envers son dernier fils. Contrebalancer l’absence d’ecclésiastiques. Premier geste de Louis : obtenir l’onction du sacre impérial.

2. La cérémonie
Palais d’Aix la Chapelle. Présence des Grands. Charles pose sa propre couronne sur le front de son fils, avant de la reprendre. Par ce geste, Louis est son vassal. Charles montrait que Louis était maintenu dans un statut d’infériorité par rapport à son père. Pour autant par ce geste, la pérennité de l’Empire pouvait être soulignée. Quatre mois et 17 jours, le 28 janvier 814, Charlemagne s’éteignait à Aix la Chapelle. Carrière légendaire et épique qui fait de lui encore un personnage essentiel de l’identité européenne. Mais, les décennies suivantes allaient fortement transformer la physionomie de l’Empire.

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