Ulysses Saloff-Coste

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Epistemê kai methodos

vendredi 3 mars 2006, par Ulysses Saloff-Coste


Esclavagisme. Possibilité de naître libre et de devenir esclave. Des personnes sont considérées comme des biens de propriété - pas toujours n’importe comment. Pas de droits civiques. Pas de droits à la propriété, même si variantes.

Le statut est accepté par tout le monde. Même certains philosophes ne remettent pas en cause l’état d’esclave. Pour Aristote, critère presque naturel.

Construction d’une cité idéale. Bien qu’il ait subi le sort dans une partie de sa vie, pas de remise en question. Grande différence.

Périodes arbitraires

Façon pour les historiens du XIXe s, de découper l’histoire grecque en catégories qui existent encore. On ouvre un manuel d’histoire générale. On parle en générale d’abord de l’époque archaïque, VIIe s. à 480 (Salamine, puis Platée). Puis, époque classique (siècle d’or ou de Périclès). Période hellénistique de 323 à 33 av.

Division superficielle. Dès la fin de la période hellénistique. Dès que les Romains reprennent la culture grecque, culte du Ve et du IVe s. Comme modèle, Phidias (sculpteur de l’époque classique). Participe à la construction du Parthénon. Idéalisation. Distinction moderne.

On parle de l’époque archaïque. Archaïque, littéralement « ancien ». Terme de classique, première classe, premier ordre. Hellénistique. Désignation pertinente. Terme plus récent. Invention par un savant allemand Droysen. Il s’est aperçu que la culture grecque s’est diffusée dans le bassin méditerranéen. Hellénisation des régions. Adoption d’une partie de la culture grecque.

Quand Athènes domine l’Egée. A partir de 480, période de 50 ans où Athènes se caractérise par la domination d’une partie de la mer Egée. “Direction” des Grecs par Athènes. Différentes dates de début de l’époque classique selon les points de vue.

De 1700 à 1200 av, période minoenne. Du XIIe au VIIIe s, période obscure qui ne s’appuie que sur le matériel archéologique. En aval, ajout de la période dite romaine. A appeler la période impériale (voir Empire romain).

La période hellénistique s’est caractérisée par une hellénisation des régions. 323 av, mort d’Alexandre II. En 31 av, bataille d’Actium. L’Egypte est contrôlée par Rome. Périodes arbitraires.

Épistémologie : les sources

Savoir déjà ce que l’on cherche. On est noyé par la documentation. Nombreux éléments, mais naufrage. Bibliothèque à étudier. Distinction la plus courante : histoire et archéologie ou histoire de l’art.

S’interroger sur ce que l’on fait. Les archéologues ne font pas d’histoire et inversement. Si on s’intéresse à l’archéologie, prise en compte de ce qui est fabriqué. “Equipement”, petit bol jusqu’à une grande statue, etc. Tout ce qui est fabriqué.

Deux types de sources alors. Les sources que l’on peut voir par soi-même. On peut voir le Parthénon. Mais, il y a aussi les témoignages. Quand on étudie ce qui est fabriqué, qu’il soit enfui ou partiellement conservé. Possibilité de ce qui n’est plus conservé. Par exemple, Pausanias. IIe s. ap. Auteur d’une sort de “guide bleu”. Il se promène en Grèce : Péloponèse, etc. il décrit les sanctuaires. Source très rare. Peu d’auteurs s’intéressent à la technique. Raison simple. Les Grecs (intellectuels) méprisent le travail manuel. Pausanias est très utilisé par les archéologues : Delphes, Athènes. On tombe sur des édifices ; on sort un temple. On recherche la divinité en question du temple. On étudie alors Pausanias.

Aussi, archéologie disparue. Matériaux périssables. Bois. Seulement dans les lieux très froids ou très chauds, conservation. Possibilité de destruction. La statue la plus appréciée : chryséléphantine (en or et en ivoire). Statue avec un squelette en bois sur laquelle on a plaqué de l’or et de l’ivoire. Description d’une douzaine par Pausanias. Beaucoup d’informations. Problème des spécialistes : quel est le sujet de la statue ?

L’or est repris pour une autre œuvre. Images. Sept merveilles du monde : temple d’Artémis, colosse de Rhodes, jardins suspendus, pyramides d’Egypte, etc.

En principe, l’histoire n’étudie pas l’équipement. C’est une “sociologie rétrospective”. On s’intéresse à comment fonctionne la société. Ca couvre les institutions, la famille, etc. “Heureusement que les témoins sont morts”. Une partie de la documentation a disparu. Faire avec.

Ces témoignages peuvent être des textes ou des images. On n’étudie plus une œuvre comme un Bel-Art. Plutôt comme moyen d’avoir des informations. Vase peinte par exemple. Si on est archéologue, utilisation comme objet d’étude (taille, profondeur, etc.). Etude du vêtement dans l’antiquité grecque, à travers les images. L’image peinte peut servir pour l’histoire. On peut se demander ce que la céramique représente. Culte d’une divinité ?

Etude des textes. Ceux littéraires. Source de première main : les inscriptions lapidaires. Nombreuses inscriptions. Commentaires indéfinis. Découverte presque quotidienne.

Pour l’Antiquité, problème : nombreuses lacunes. Les historiens de l’Antiquité, prennent parti, selon leurs origines ethniques. Evènement ou institution racontés par un seul auteur. Danger alors à cause du point de vue. Aussi dangereux que de lire un seul genre de journaux. Lire de nombreuses sources sur un événement, pour vraiment éclaircir l’événement.

Si plusieurs auteurs, les évangélistes créent des tableaux synoptiques. On compare les sources entre elles. Les historiens modernes ont parfois des auteurs préférés. Selon l’expérience ou les sujets étudiés, décision que tel auteur est plus “sérieux” qu’un de ses contemporains. Si événement décrit par une seule personne, prudence. Si c’est un autre auteur, alors moins de méfiance, selon ses préférences. Même problème avec la télévision : “Arrêt sur image”.

Deux problèmes. 1) Décalage chronologique entre le temps d’écriture et le temps des évènements. Thucydide : deux cas. Il peut décrire des évènements qu’il a vécu : guerre du Péloponèse. Mais, dans son premier livre de cette œuvre, étude de l’ancien (archéologie). Dans ce premier livre, il raconte la thalassocratie minoenne. Prétendue domination du roi Minos sur l’Egée par des moyens maritimes. Mais, cette histoire minoenne remonte à 1400 av. Mais Thucydide vit au Ve s. il ne cite pas ses sources. Evènements légendaires. Aussi, histoire des cités visitées par Pausanias. Mais, quand ce dernier présente l’histoire d’une ville, histoire non contemporaine du narrateur.

Mais, ce n’est pas plus simple quand l’auteur vit les évènements. Souvent, choix d’un camp valorisé. Pour une bonne analyse historique, quand les évènements sont passé. Problème.

Possibilité que résolution de ce problème quand inscription. Enoncés officiels de lois, décrets. Exhibition en place publique des textes. Inscription parle d’une réunion ; chronologie respectée alors. Comme caractère officiel, “sérieux” ? Pourtant, possibilités de modifications. En 499, bataille de Platées. Des cités grecques participent à la bataille. Après une victoire, consécration d’une offrande à l’Apollon de Delphes. Là c’est un trépied de bronze, serpent en bronze, présentant les cités ayant participé à la bataille. Chance car chez Hérodote, récit de l’offrande. Citation de la liste des cités participantes. Différences entre le nombre de cités énoncées entre les deux sources. Hérodote explique que modification de la liste. Selon les alliances, ajout de cités sur le bronze. Pourtant, ces dernières n’ont pas participé. Raisons diplomatiques. Source modifiée pour des raisons politiques.

Naufrage de la littérature antique. Beaucoup de textes, mais 10% des œuvres littéraires sont transmises (littérature grecque et latine). Eschyle a rédigé 80 pour 5 conservée. Sophocle, 100 environ pour 7. La majorité des textes transmis, textes copiés au Moyen Age du VIIIe au XIIIe. Donc filtre des textes. Les textes conservés sont-ils proches de ceux d’origine. Papyrus de Zénon. Cahier de charge. Découverte en Egypte car climat conserve l’œuvre. Mais copies.

On a les manuscrits de la Mer morte. Sokoka, nom ancien de la cité où se situe le manuscrit. Ensemble documentaire contemporain. IIe av au IIe ap. Bibliothèque consultée. Bibliothèque en Araméen, Grec, Hébreu. Textes sélectionnés par les anciens. Conservés, utilisés. Rare exemple. Pour l’Egypte, secteur des papyri égyptiens. Il ne s’agit pas de textes d’historiens de l’Antiquité. Complications même après la traduction des hiéroglyphes. Utilisation limitée pour l’histoire. Filtre des moines. Umberto Eco, Le nom de la Rose. La poétique d’Aristote ; disparition de la partie consacrée à la Comédie.

Possibilité de falsification des textes d’origine. Des personnes d’interrogent sur les interpolations. Passages plus ou moins longs qui pourraient être ajoutés à une période ultérieure à l’écriture d’origine. Analyse du texte. Des passages sont bizarres. Ajout d’une légende ou de détails. Transformation avec le temps.

Flavius Joseph, Ier s. ap. Pharisien. Livre XVIII, § 63-64. Hellènes, ici juifs de langue grecque. Existence du Christ se fonde sur les sources multiples, en plus de l’Evangile. Etonnant que le narrateur parle ainsi du Christ. Pourquoi un Pharisien aurait décidé que Jésus devienne subitement le messie que tous les Juifs attendraient ? De plus, attente d’un messie. Spécificité de l’attente du messie, est l’attente selon Flavius J. Les Chrétiens sont gênés par le texte de Flavius J. Phénomène d’interpolation où l’argument est une invraisemblable. Mauvaise intégration dans le texte. En plus, grammaire et style différent de Flavius J. Possibilités que le pseudo auteur imite le style de l’auteur d’origine.

Même avec la connaissance de la langue d’origine du texte, difficultés. Un hapax est un mot qui n’apparaît qu’une seule fois. Du coup, quel est son sens ? Parfois, racines linguistiques donnent le sens. Aussi, selon contexte. Pas la même signification selon le siècle. “Agalma” peut désigner une statue, ou offrande ou même une belle chose. Quelques termes à maîtriser pour le semestre.

Parfois, enjeux essentiels. Dans les Evangiles, expression existe : « adelphos », “frère de sang”. Terme de Jacques (Jacob), frère (adelphos) de Jésus. Problèmes. Pour les Grecs, frère au sens normal du terme. Contournement du problème. Peut être fond araméen des Evangiles. Ecriture en Hébreu ou Araméen. En Hébreu biblique, mot qui signifie frère et cousin. Traduction en Grec depuis un mot qui aurait son sens. Mais, la thèse ne tient pas. Si utilisation du mot “cousin”, anepsios. Les théologiens tirent la couverture vers eux. Entre 80 et 120, écriture en Grec de l’Evangile. Évangélistes, de confession juive. Ce sont des Hellènes, des juifs dans ce cas parlant le Grec. La diaspora se disperse dans le bassin méditerranéen. Les évangélistes ne sont pas les apôtres. Noms identiques ; ne pas confondre. Les Evangiles sont écrits en Grec parce que c’est la langue la plus diffusée à l’époque. Les évangiles apocryphes n’ont pas été retenus dans le “canon chrétien” ; arrête vers 120-130 des évangiles.

Commentaire de texte

Théorie globale. Quand analyse d’un document. Même avec l’histoire moderne, images d’archive. Enlever la question de l’objectivité. Tout historien, journaliste écrit ou montre un événement au prisme de sa propre histoire. On a toujours un parti pris. Analyses parfois plus vraisemblables. Orientations politiques, avec points non connus. Exception quand informations brutes, avec des résultats chiffrés, s’ils ne sont pas déguisés.

Les auteurs de l’antiquité écrivent avec leur présupposé politique et idéologique. Il leur arrive de ne pas le cacher. On ne dit pas tout ; tri des informations. Dans le message, variations. Question de l’EMETTEUR -> MESSAGE. Quelle empreinte laisse l’émetteur sur le message. Exemple du cinéma, films sur un événement historique. En 11 minutes, présentation de l’événement. Réalisateurs de différents pays. Point de vue très différent selon la personne. Domaine juridique. Concours de plaidoirie. Dossier, plaintes, témoignages. Plaidoirie sur le même dossier. Même méthode en histoire. Pas même ligne de défense selon l’avocat. Sélection de l’information selon le moment où on écrit. Pas d’histoire grecque comme au XVIIIe s, au XXe s, etc.

Pas la même manière d’étudier la Grèce pour les Américains. Pas de prétendu lien entre les dits “Européens” et les Grecs. Les professeurs ne présentent pas la même manière un thème identique. Quand la présentation est identique, alors problème.

Jean-Pierre Vernant. Philosophe. Il a proposé une histoire grecque différente. Engagé politiquement. La Grèce passe par ses propres conceptions. Bonne écriture. Après, on est d’accord ou pas d’accord.

EMETTEUR - MESSAGE - RECEPTEUR. Pas la même manière de présenter le sujet selon le public. Le récepteur marque le message, selon sa manière d’écouter. Spécialisation ou vulgarisation. Le récepteur détermine la manière de parler. Domaine juridique, encore concours de plaidoirie. Le jury commente. Question du public énoncée par le jury. Adapter le discours.

Il arrive que des savants décident de faire des attaques personnelles. En 2003, statue prétendue égyptienne. XIXe s. av. Statuette expertisée par des gens du Louvre. Vendue à l’hôtel Drouot. Doute de l’acheteur. Etude de la statuette par le spécialiste en question. Plainte. Les experts du Louvre, remis en question, défendent leur travail. Question de politique.

Vecteur

Comment faire passer le message. Contrainte du temps pour un journaliste. Temps. Pas la même manière de présenter le sujet selon le nombre d’heures. Mémoire de maîtrise face à une thèse. Pas même message. Espace. Nombre de caractères pour un journaliste. Argent.

Pour l’Antiquité, on se passe du récepteur et du vecteur. S’intéresser avant tout au message et à l’auteur. Introduction d’un texte doit être faite de plusieurs éléments. Phrase d’accroche. Mise en contexte historique rapide. Sparte, cité du Péloponèse, présentée par tel auteur. Documents d’auteurs. Présenter l’auteur. L’histoire de l’auteur peut présenter son parti pris. Connaître son époque et celle qui l’explique. Lire attentivement les textes. Présenter la subdivision du texte (analyse) : de telle ligne à celle là, ça parle de ça. Conscience des thèmes du plan ; gain de temps. Problématique énoncées. Annoncer et justifier le plan

Pour le développement : thématique/chronologique. De quoi parle-t-on ?

Qu’est ce qui ressort des documents ? Peut on les critiquer ? Pourquoi remise en cause ? Sujets se prêtent à la critique de la position de l’auteur. Chercher la documentation. Ce qui est important. Idéalement, avant de décrire le développement, construire le développement. Pour chaque partie, renvoyer au texte. Si pas de rapport au texte, cela ne va pas. Citer une ligne. Ce n’est pas la dissertation.

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