Ulysses Saloff-Coste

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Grecs et Perses en Asie mineure

vendredi 10 mars 2006, par Ulysses Saloff-Coste


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Extraits commentés :

Hérodote : I, 168-170 ; III, 89-90 ; VII, 118-120

Sources

  • Early Greece, Oswyn Murray, Fels : 246 636
  • Histoire de l’Empire perse, Pierre Briant, Fayard, Fels : 247 320 ; p. 48 ; p. 402 ; p. 413
  • Cyrus le Grand, Gérard Israël, Fayard, Fels : 232 251

Règnes

Cyrus II le Grand / Kourash II
530-522
devient roi des Perses et des Mèdes

Cambyse II / Kamboujiya II
530-522

Darius I
522-486

Xerxès I / Hshayarsha I
486-465

Introduction

La présence perse grandit au VIe s. Au moment où commence l’extrait, Cyrus contrôle la Médie. Crésus (561-546 ; Lydie) n’a pas eu la chance de comprendre la Pythie. Le « grand royaume » quand il affronte les Perses (Hérodote, I, 53).

Hérodote

Hérodote (v. 485 - v. 420 av.) est l’auteur des i(storiai, que l’on peut traduire par « explorations » ou « récits ». Sa famille est exilée sur l’île de Samos (proche de Priène). Par la suite, il vit à Halicarnasse, Athènes et Thourioi (colonie en Italie du Sud). Hérodote réunit dans son livre les résultats de ses pérégrinations. Il rassemble différents points de vue à propos des relations entre les barbares et les peuples de l’Egée.

Analyse

Chaque extrait des Historiai de Hérodote, présente les relations entre le souverain perse et les populations d’Asie mineure, de culture grecque. On suit ainsi l’influence de la présence perse avec, par ordre chronologique, Cyrus, secondé par Harpage, Darius et enfin Xerxès.

  • Texte 1 : Hérodote énumère le choix des cités face à la présence mède : fuir, combattre ou s’allier. Puis, deux autres alternatives sont énoncées. La première consisterait à fuir dans une île afin de retrouver la liberté. La seconde, de former un conseil au centre de l’Ionie.
  • Texte 2 : L’auteur nous présente la fixation d’un tribut par Xerxès aux provinces contrôlées par l’Empire perse. Ensuite, les habitants de chaque région vassale sont groupés selon l’importance du tribut à fournir.
  • Texte 3 : Hérodote présente le coût pour une communauté d’accueillir le Grand Roi, Xerxès, et sa principale garde, pour une nuit. Les étapes de l’accueil sont énumérées.

Comment évolue la suzeraineté perse envers les Grecs d’Asie mineure ?

1/ Cyrus et Harpage contre les Ioniens

[Mots] Téos est au nord-ouest d’Ephèse. Phocée, nord d’Ephèse. Abdère est au nord de l’île de Samothrace. La Thrace, région au nord de la mer Egée. T. de Clazomène (nord de Téos) est le fondateur de la première Abdère. Phocée, nord d’Ephèse. Milet, sud d’Ephèse.
Ioniens, peuples de la côte Ouest de la Turquie actuelle.
Bias de Priène et Thalès de Milet font partie des 7 sages énumérés par Diogène Laërce.
Thalès de Milet est célèbre pour avoir prédit une éclipse solaire. La tradition dit qu’il travailla sur génie militaire. Il est associé à des travaux de géométrie. « si elles étaient des dèmes (dêmoi) », des terres habitées par un peuple (texte 1).

Cyrus s’engage dans la campagne contre les Ioniens, avec l’aide de son lieutenant Harpage. Le souverain souhaite soumettre les Ioniens. Priène est le premier nœud coupé par les Perses. Bias de Priène (l. 71) contrôlait la cité. Ses citoyens sont réduits à l’esclavage par les Perses. Cela explique que Bias propose une solution (§ 170).

Il s’agit d’achever la conquête dans les autres cités ioniennes qui sont énoncées du §168-169. Harpage, lieutenant de Cyrus se voit confier la mission. Les phocéens sont les premiers à être attaqués par Harpage. Un pacte de paix leur est proposé afin de limiter les pertes phocéennes. Finalement, ils préfèrent fuir (§ 169).

Mais, Harpage se rend compte que les Ioniens ne sont pas que de simples commerçants (l. 11). En fait, le contrôle de l’Ionie prend du temps. Le narrateur cite le cas de l’alliance entre Milet et Cyrus (l. 15). Les dirigeants de Milet sont persuadés que c’est la meilleure manière pour eux de riposter ensuite, par surprise. Les milésiens croient que les Perses ne font que remplacer les Lydiens (Crésus). Si les Lydiens ont été battus, alors les Perses ne tarderaient pas à l’être aussi. Leur liberté serait donc une question de temps.

La conquête perse a tout de même des limites. Si Bias énonce la liberté à chercher dans une île (l. 27), c’est que les îles ioniennes échappent bien, pour le moment, aux conquêtes de la dynastie achéménide.

Harpage a le titre de « commandant des régions littorales » (Diodore, IX, 35). Les conquêtes de Cyrus sont légitimées par le mythe de sa naissance. Ce mythe a été repris des Mésopotamiens. La naissance de Sargon, roi d’Akkadie, en fait partie. Nous connaissons les péripéties de cette naissance par les héros : Œdipe, de Moïse, de Romulus et Remus, ou plus récemment de Jésus. Elles mettent toutes, selon les déformations du mythe originel un enfant, non reconnu par sa famille royale et appelé à un grand avenir. (Textes 1 et 2).

Le territoire est conquis. Qu’en est-il de la fiscalité ?

2/ Darius et les tributs

[Mots] Satrapies, ‘nomoi’ ou ‘archai’. Province de l’Empire perse. Talent babylonien et euboïque.

Hérodote énonce ici les tributs qui concernent l’équivalent de la Turquie actuelle. Le montant de chaque tribut est traduit de ceux d’origines indiqués en darique (monnaie perse). Chaque département énoncé correspond à une certain tribut à fournir.

Quand on lit que Darius « fixa les tributs » (l. 4), cela ne vas pas dire qu’ils n’existaient pas avant. Hérodote parle des « présents » (l. 15). Ils servaient d’équivalent à des tributs, sauf qu’avant Darius, leur valeur variait, faute de législation royale.

Darius est perçu comme un « trafiquant » (l. 18). En fait, Darius divise par deux le montant des tributs imposés, à l’origine, à l’initiative de chaque satrape. (Polyen, VII, 11.3). C’est une manière d’être bien perçu par les peuples incorporés dans l’Empire. Le peuple ne pense plus à se révolter. La fixation de la valeur de la terre complète l’image de « marchand ».

L’auteur nous parle de Cyrus comme un « père » (l. 18). Le Grand Roi est vu comme un chevalier. Les peuples préfèrent se soumettre, plutôt que d’affronter le souverain, comme le montre l’apport de terre et d’eau par les communautés passives.

Quant à Cambyse, il agit avec « dureté » (l. 18) parce que, sous son règne, il doit former d’une armée pour conquérir l’Egypte. Pour obtenir l’argent nécessaire, le fils de Cyrus décide d’augmenter le montant des tributs et dons.

Le montant du tribut et sa perception varie dans chaque département (l. 22 à la fin de l’extrait). En fait, il prend en compte la richesse des peuples réunis sous un même département. La terre est le principal facteur de richesse (Pseudo-Aristote).

La présence de la « garnison en Cilicie » (l. 36) est due à l’importance stratégique de la vallée. Le franchissement de la Cappadoce est plus rapide par la Cilicie (ville turque d’Adana). L’armée perse peut ainsi franchir la montagne Taurus et atteindre la vallée lycienne

Comment le Grand Roi assure-t-il le maintien dans son autorité en Asie mineure ?

3/ Xerxès et le repas “vassalique”

[Mots] « [les “réceptionnistes”] (...) abandonnaient leurs demeures ». Le coût du repas les force peut être à vendre leurs biens personnels ou fonciers. 3, Thasiens. Thasos, île au sud d’Abdère.

Il n’y a pas que la réception du Grand Roi. Il y a aussi les cadeaux qui lui sont offerts (aux portes de la Cité), ce que Hérodote explique dans le texte 2 (« c’étaient des présents que l’on apportait au roi »).

La coutume est expliquée par Plutarque : « Quand [Mania (une femme)] arrivait chez Pharnabaze, elle lui apportait toujours des présents, et quand c’était lui qui descendait dans le pays, elle savait beaucoup mieux que les autres gouverneurs lui organiser une réception magnifique et agréable » Plutarque, Helléniques III, 12.

Hérodote prend l’exemple des lieux profanes (§119), mais la réception peut aussi avoir lieu dans les temples.

L’auteur parle de 400 talents d’argent auraient aussi été dépensés « dans les autres cités » (§119). Théopompe nous explique, que « le dîner, comme le tribut, a de tout temps (ek palaiou) été imposé sur toutes les cités en proportion de leurs capacités (kata to megethos) » [Théopompe, IVe s ; Philippika, cités par Athénée, IV, 145 a].

Il est possible que les réceptions se transforment à un moment en une sorte de taxe pour la « table du satrape » ; une levée d’argent.

Les peuples chargés d’assurer le dîner du Grand Roi peuvent être sur les principaux axes de déplacement de l’armée perse. Donc, les contributions d’exception peuvent se transformer en visites trop régulières.

Conclusion

La suzeraineté perse est donc installée en Asie mineure. Comme par hasard, Milet, ville neutre dans la conquête perse, devient le trublion. La première guerre contre les Mèdes n’est plus qu’à déclencher.

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