Ulysses Saloff-Coste

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Humboldt : considération sur les causes motrices dans l’histoire mondiale

vendredi 7 avril 2006, par A. Descorps-Declere, Ulysses Saloff-Coste


Raisonnement causale : style attentat de Sarajevo entraîne la guerre de 1914 - 1918. Un événement déclencheur. Si on cherche un élément déclencheur, on restreint la vision. 1914 - 1918, c’est un ensemble complexe d’équilibre, pas seulement un événement. Humboldt dit qu’il ne faut pas chercher les causes mais ce qui anime les situations.

Il est à réfléchir sur les forces motrices de l’Histoire. L’historien analyse les choses, il les décompose. (Début XIXe le Humboldt) L’opération historiographique : situation que l’on décompose à partir des témoignages des contemporains (qui sont influencé par leur époque). Il y a un système d’organisation et des envies d’améliorations, mais ces dernières passent par les individualités, prise dans les forces d’organisations. Il n’est pas dans le récit, son récit de la Révolution, situation avec des problèmes structurels...

Concept : providence tient le monde et le dirige problème c’est qu’on ne peut pas revenir sur la période et l’analyser. La première cause est la plus haute : c’est le réel. Causes motrices : la nature des choses (le réel) ; la liberté de l’homme ; intervention du hasard (concours de circonstance) pour éviter le déterminisme car sinon pas de liberté. Si les hommes sont libres, pas de déterminisme. Le tissu dans lequel agissent ces causes est les tensions entre les forces et intentions.

Qu’est ce qui détermine l’histoire : la nature ou la liberté ? La nature des choses est déterminée et identique (l’eau c’est l’eau). La nature morale : il a des mœurs, il fait de la farine phénomène constant ; il exploite des éléments naturelles d’organisation sociale avec des objets fabriqués. Nature du réel : physicien s’en emparent et biologistes aussi. Phénomènes naturelles, ils le mettent à l’épreuve : on pourrait prétendre mathématiquement établir les constantes de l’espèce humaine.

Il y a des phénomènes constants. Exploitation d’éléments naturels. Pour les auteurs du XVIIIe s, il y a toujours des organisation sociales avec des choses organisées. L’homme aménage. Il ne se contente pas de vivre dans un terrier. Il enterre ses morts. Mais, possibilité que les morts soient brûlés. Mais certains sont enterrés debout.

L’espèce humaine a des mœurs. Elle est morale. Ce sont des catégories pour l’enquête. La dérive des continents. La glaciation des continents. Les Anglo-Saxons et les américains s’affrontent sur la question de Darwin. Darwin mélange les deux. Il y a un évolutionnisme naturel. L’hypothèse de Darwin ne distingue pas l’anthropologie de l’histoire naturelle.

Calcul mathématique possible dans une certain mesure. Quel est le problème ? exhaustivité des calculs dépendraient seulement des connaissances. Dans une certaine mesure, on pourrait calculer. Ce qui nous empêche de calculer, c’est que l’on a pas accès à toutes les données. Il y a 3 causes, mais il n’est qu’à la première. La nature du réel est prise par les physiciens. « Considérez de ce côté ». A l’intérieur de cette cause, on peut établir des lois de développement de l’espèce.

C’est ce que souhaite faire Montesquieu. Dans l’ « esprit des lois », il cherche une régularité. Découverte que l’espèce humaine a son propre développement. Regarder l’espèce humaine pour elle même. Cette hypothèse permet le développement de l’économie. Il faut une hypothèse pour construire des lois. Cela s’appuie sur la cause de la nature, du réel. @

“Considérations sur les causes motrices dans l’histoire mondiale” de Wilhelm Humboldt (1767 - 1835). In “La tâche de l’historien”, 1985, Lille, Presses universitaires de Lille. Manuscrit de c. 1818

1/ « la nature des choses »

Humboldt souhaite ne pas donner trop d’affirmations à une loi. Il peut y a voir d’autres causes. On peut avoir un raisonnement épistémologique, mais il y a des marques historiques. Humboldt donne des exemples concrets pour illustrer ses abstractions. L’Antiquité est étudiée. Il y a des civilisations qui apparaissent et disparaissent. On parle de la fondation et de la destruction d’une civilisation. Comment les personnes de la civilisation parlent d’elles mêmes ? Les zones de relief peuvent être des zones de combat. C’est dans les endroits où le combat est difficile que l’on forme les frontières.

L’histoire politique est à l’image des reliefs et des voies de communication. Humboldt souhaite avoir plusieurs registres. Humboldt est dans les données naturelles. La bataille est une décision. Les généraux font de la stratégie. Humboldt est dans la première des causes.

Il y a séparation entre Salamine et la bataille du Péloponnèse.La révolution française n’est pas indépendante. C’est un événement aidé par les pays voisins. La nature des choses influence les forces plutôt que les intentions. Quand on arrive en tant qu’individu, on se rend compte des jeux de force.

Les « évènements parfaitement fortuits à première vue, mariage, décès (...) ». Le texte date de 1818. L’enquête historique doit trouver des phénomènes de masse. Trouver en quoi le climat influence l’histoire de la société. Montesquieu n’a pas des considérations aussi détaillées.

Humboldt ne sépare pas l’anthropologie morale de la nature. « influence sur les évènements humains que la force des affinités électives morales ». Il est très cohérent. Il y a les forces - contre-forces et les points en cause. Cela détermine les méthodes, l’écriture.

Sa théorie des langues. Alexandre Humboldt est voyageur.

Un individu tout seul ne peut exercer une domination mondiale. Humboldt était en Prusse à un moment. Il y avait Napoléon qui prétendait contrôler le monde. L’épopée napoléonienne s’appuie sur la conquête des Gaules. La geste héroïque va du côté de la pure liberté, mais ne veut pas prendre en cause la force motrice de la nature.

La conception de Humboldt est démocrate. Elle est contre le “grand-chef” ou “furher”. L’historisme n’est pas seulement culturel. Il affirme que ce n’est pas le chef qui développe la société. Il faut prendre en compte l’ensemble de la société. L’histoire politique est des données politiques lourdes, pas seulement une geste politique.

L’histoire de Humboldt ne fait pas l’éducation des Princes comme Bossuet. Humboldt est ministre de l’éducation. La pensée se développe à travers les conceptions politiques. On ne peut pas séparer le raisonnement de l’historien.

L’anthropologie. L’homme agrémente ses aliments. Partout, il y a des habitats. Il ne fait pas seulement une anthropologie historique. Il y a un niveau d’existence et différents étages. L’histoire des civilisations est intéressante. Il n’y a pas que l’autosatisfaction de la civilisation européenne.

L’espèce humaine est constituée d’individus. C’est une fourmilière. Il y a des civilisations. Les langues ont toute une grammaire. C’est bizarre que les langues se traduisent les unes par rapport aux autres. Elles ont toutes des syntaxes. L’esperanto est une langue artificielle.

Humboldt regarde les peuples du point de vue d’un grammairien. Il y a des règles. La philologie est utilisée pour l’anthropologie, par Humboldt. Les langues se déploient, puis elles disparaissent. On pense à autre chose. Nous n’écrivons plus à la manière de Proust. Mais, nous n’utilisons plus la richesse des temps. Le passé simple nous paraît bizarre. Une civilisation se déploie puis se transforme. L’histoire d’une langue est un phénomène naturel.

« Jusqu’à présent, on a presque toujours prêté une attention exclusive aux causes extérieures agissant sur les nations, principalement la religion et la constitution civile (...) ».

L’historisme est là. Les nations se constituent pas une constitution ecclésiale ou politique. Humboldt explique qu’il y a une autre donnée. Quand il y a des lois, il y a des mœurs. On ne se jette pas le gant quand il y a des traités de paix. Quand on sauve son honneur, on ne pense pas à autre chose. L’histoire n’est pas composée seulement de l’Eglise et de la politique. Humboldt constate que les langues sont importantes. C’est le théâtre central de la curiosité historique. Il ne veut pas dire qu’une langue est plus importante que les autres.

Quand il décortique la nature, il observe qu’il y a la liberté et le hasard. Son édifice de raisonnement est prémuni d’une conclusion rapide.

« ne négligeant les différences intérieures ». Les civilisations ont un système de caste. D’autres ont une autre approche. C’est la naissance du comparatisme historique. Il compare les civilisations par des critères de comparaison. Histoire commune : les Francs, Gaulois, Germains.

« pénétrer les modes d’action ». Poursuivre les recherches aussi loin que possible. Un bon historien, même spécialisé, a besoin d’une vue générale de l’ « histoire du monde ». On en peut pas qu’étudier l’histoire du XIIIe s. Il y a tension entre général - particulier. Si on étudie les ethnies d’une époque donnée, le spécialiste ne peut plus comparer. Les spécialistes de l’époque grecque n’ose rien dire de l’époque romaine. Humboldt, dans ses traités de philologies, est rigoureux.

2/ « la liberté des hommes »

Il est impossible de calculer dans le domaine de la liberté. C’est antinomique avec la « nature des choses ». « La nouveauté et l’inouï peuvent surgir ». C’est la surprise au cœur de l’histoire. Pourquoi change-t-on de style ? histoire de l’art des auteurs eux-mêmes. Si on fait l’histoire des courants, on fait de l’histoire qui se calcule. Pourquoi passe-t-on d’un courant à un autre ? Il y a des insurrections. Manière de changer les codes.

C’est du côté de l’art que ça advient. « force créatrice du caractère humain ». Ce n’est pas de la morale. C’est la « culture de soit ». Il y a dans l’histoire des créations. Il y a des forces créatrices qui innovent. On va dire sur le tissu des choses nouvelles.

Le travail de l’historien est un produit de l’histoire. Il y a des méthodes, des calculs, mais il y a la capacité de voir du nouveau dans ce qui est passé. Le fait d’écrire l’histoire est une création. Sens de poète. Il peut parler en termes neufs. Sinon, il n’y a plus rien à dire sur les périodes. On peut toujours créer du neuf avec de l’ancien.

« Il suffit d’un esprit vigoureux, dominé, consciemment ou non, par de grandes Idées, médite sur un matériau susceptible de prendre forme, pour que le résultat soit apparenté aux Idées ».

Un architecte fait ça. C’est l’histoire culturelle, esthétique et aussi sociale. On a des idées et on veut les rendre possibles. Les sites de la Grèce sont des Idées qui sont devenues des ruines. Monter des colonnes, ce sont des pures idées. Soutenir une coupole, c’est une dogmatique. Comment rendre compte du phénomène sans une définition de l’histoire ? Avoir une définition de l’histoire qui prend en compte la natalité. Pourquoi y a-t-il un pic de natalité ? Deux phénomènes ont lieu, mais qu’ont-ils en commun ? @ 7 avril 2006

3/ « l’intervention du hasard »

Dans l’actualité, difficulté de connaître le lendemain. Ce n’est pas mécanique. « étranger au cours de la nature ». Prenons une œuvre d’art. C’est façonné, conçu. La cathédrale est la matérialisation d’une idée. On pense à Platon et à sa théorie des Idées. Rapport entre l’âme et le corps. Des idées créatrices apparaissent.

Dans une civilisation, il y a des données naturelles. Si l’architecture est mauvaise, la construction s’écroule. Des arcs sont ajoutés pour les églises. On se met à innover. Il y a une vie de l’esprit par la liberté. Humboldt l’emprunte à Rousseau. Nature - Liberté - Hasard. On ne peut calculer que jusqu’à une certaine limite.

Les idées, la vie de l’esprit sont extérieures à la nature. Les territoires sont modifiés. L’homme place son emprunte dans son lieu de vie. Le lien entre la nature et la liberté est extérieur. Le raisonnement de Humboldt est rigoureux.

Comment les causes motrices se réunissent-elles ? Qu’est-ce qui fait l’animation ? Il y a une manifestation extérieure. Mais, on ne peut pas expliquer le surgissement de la liberté. C’est la limite des lois générées. A un moment donné, les lois ne présentent pas le surgissement de la liberté.

Se placer dans une actualité. L’histoire est écrite avec un de déplacement. Se placer dans la situation improbable. « sa force extérieure ne peut pas être expliquée par là ». Dans des services structurés, comment change-t-on la situation ? C’est pareil à l’échelle internationale.

Plus il y a d’organisation, plus il faut les tenir. Quand les situations changent, il y a transformation historique. La liberté apparaît alors. Le modèle est ici l’artiste, l’homme de guerre. Pour un homme politique, il s’agit d’une construction politique. Il n’y a pas que la révolution mais aussi la force créatrice.

Les inerties se transforment. Tite-Live et Virginie. Un des polygonistes tombe amoureux de la plébéienne Virginie. Finalement, la protagoniste meurt. Quand il y a une “passion”, il y a des tragédies et des changements qui font partie du paysage. La scène publique se mêle avec celle privée. Des adultères célèbres peuvent avoir une amplitude historique. Dans une liberté “moindre”, on trouve des crises passionnelles. L’ « éros » et la « pathos » sont le moteur du pathétique.

Dans la force créatrice, il y a les idéaux des gens. La force créatrice a quelque chose d’infini. Les gens s’enflamment pour le goût du pouvoir. Qu’est-ce qui anime les passions : la plaisir d’être élu, la passion du pouvoir ? C’est étrange. Dans la démocratie et ses débats, les gens sont animés par la passion du débat, mais sont alors en dehors de la raison. C’est énigmatique.

On peut avoir un idéal, aperçu de ce que l’on veut construire, mais ce que l’on fait, c’est avec des matériaux finis. Les objets sont finis, même si nos objectifs sont infinis. Quand la passion est infinie, nous tombons dans l’erreur. La mystique par exemple est au-delà du choix religieux. Le mystique se perd dans l’universalité. La liberté se décroche de sa contrainte naturelle.

Des gens veulent sortir des contraintes, mais l’erreur apparaît alors. L’histoire admet les erreurs de la nature. « La soif du divin dévore alors la force terrestre ». Les phénomènes en -isme. On peut penser se détacher de la réalité et le pur idéal va tout de même prendre des formes. Cette matérialisation peut entrer dans la société. Certains idéaux sont haïssables. Les formulations de Humboldt sont abstraites.

L’idéal de l’Eglise est une forme. L’Eglise « catholique » se dit « universelle ». Elle fonctionne avec des législations, des bibliothèques, des gens, etc. La cité de dieu d’Augustin. On a des idéaux et on leur donne une forme. Parfois, c’est une pure idée de grandeur. La cathédrale est une pure idée, mais concrètement, c’est un bâtiment. Il y a des liturgies régulières.

La liberté permet de rassembler des forces créatrices. Mais, la force créatrice doit rester en lien avec la nature. Les ‘causes collatérales’ sont du hasard. L’événement prend une autre couleur.

L’histoire ouvre sur la biographie. L’individu est de l’ordre de la liberté. La liberté consiste ici à être à l’origine de sa propre volonté. Marc Bloch parle de « spectacle des activités humaines ». Qu’est ce qui fait se mouvoir l’action ? L’individualité est dans sa propre activité. La société est composée de données géographiques et de traditions. Elle reste à l’origine de la liberté.

« même si la matière de l’action était identique, la forme individuelle la rend différente (...) ». Chercher les causes. Il peut se passer autre chose. Il est impossible de déterminer toutes les causes. L’individualité rend l’événement différent.

Chaque individu est responsable de ses actes. Explication sociale et économique. On explique pas, on constate.

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