Ulysses Saloff-Coste

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Echanges

mercredi 29 mars 2006, par Ulysses Saloff-Coste


Chaque domaine pourrait rechercher l’autarcie. Les zones de l’Empire pourraient vivre dans sa sphère. Economie monde pour reprendre l’expression. Il n’y pas d’échange traversant le monde franc. Pas de relation avec les autres empires qui gouvernaient le monde.

Le marché est un lieu connu du monde carolingien. Le marchand est une figure importante. Pépin le Bref et Charles le Chauve réglementent les marchés. Diplôme octroyé aux marchands qui fréquentent la chambre royale. Intérêt porté aux questions monétaires. L’intérêt des monarques carolingiens s’explique par la nécessité de faire entrer des impôts. Existence d’une économie commerciale carolingienne.

I/ Des lieux

A/ Des axes

1/ L’Occident et le monde

L’histoire économique s’écrit dans la longue durée. Pour comprendre l’histoire et la mutation des échanges dans le monde carolingien, il faut remonter assez loin en amont.

Le commerce de la fin de l’Antiquité est principalement développé à partir de l’axe Rome - Constantinople, autour des ports méditerranéens. L’antique ‘mare nostrum’ des Romains était traversée d’une rive à l’autre. C’était un commerce méditerranéen.

A partir du VIIe s, l’Islam est dans le bassin occidental de la méditerranée. Dernières années du VIe s, la peste. On assiste à la rupture des axes commerciaux. C’est autour du Nord - Est de l’Europe que se développent les transactions commerciales. D’un bout à l’autre, l’Occident est traversé de routes commerciales.

2/ L’Occident

Une route maritime reliait la Gaule à la Galice ; une autre à l’Angleterre. La dernière rejoint la Frise. Il y a avait aussi la zone scandinave. Les Vikings sont d’abord des commerçants avant d’être des barbares. Bouches du Rhin. La Gaule du Nord deviennent d’importantes zones commerciales. Le commerce est bien connu. Le commerce revêt un caractère extraordinaire ; qui sort de l’ordinaire. Les sources du Moyen Age ne disent que peu de choses sur l’essentiel du commerce : le commerce local.

Le voyage est exceptionnel. Au Moyen Age, la moindre exploration éveille la curiosité. Les sources parlent de lointains voyages. Le commerce permet des échanges entre les “ruraux” et les “urbains”. A la différence de l’Empire romain, la ville carolingienne a perdu son statut de centre des échanges.

B/ Des ports

Les marchés sont aussi présents dans les agglomérations modestes. Ils sont réglementés. Les ports ont un rôle important dans le développement des échanges.

1/ Les anciennes implantations

Pour la Gaule, les grands ports sont Marseille (cité fondé par les colons phocéens), Narbonne (10km à l’intérieur des terres ; basse plaine de l’Aude). En Italie, il y a Ostie, ‘Civita Vecchia’ (ancienne ville), Ravenne (12 km de l’Adriatique ; zone lagunaire ; port de guerre sous Auguste ; échanges avec Byzance). Pour la péninsule ibérique, il y a Carthagène. La Bétique devient l’Andalousie. Moyen mnémotechnique : Isidore de Séville est née en Bétique. Venezia est fondée au IXe s. Le niveau de l’eau est contrôlé par le détournement de fleuves. Les pêcheurs occupent les lagunes.

2/ Les nouvelles implantations

Les ports du Nord se développent et entraînent le basculement des axes. Soit les cités romaines n’ont pas de rôle commercial pendant l’Empire, soit les cités en acquièrent : Rouen, Nantes, Amiens, Londres. Il y a Walcheren, Dorestad (sur le Lek, fondée par les Frisons au VIIe s. et développée par les Francs ; proche de l’embouchure du Rhône), Quentovic : embouchure de la Canche ; présence anglo-saxone, équivalent du Rotterdam du IXe s.

Le port est le centre culturel et économique. Nous pouvons nous demander pourquoi Loup réclame à Hincmar et au roi, le monastère de la Celle de Saint Josse. Il est dans la vallée de la Canche. C’est un bassin économique. La Celle est à moins de 5 km de Quentovic. Le tonlieu est la taxe à percevoir sur les marchandises. Les motivations sont économiques, religieuses et culturelles.

C/ Marché

1/ Le marché local - international

Dans les marchés locaux, les produits de première nécessité sont transmis d’agriculteurs, indépendants des domaines, aux artisans. Le grand domaine ne vit pas en autarcie. L’abbé de Saint-Bertin préfère demander des vins d’autres lieux plutôt que ceux produits en Picardie. Des échoppes de commerçants se forment autour des cathédrales.

Dans les marchés internationaux, il y a Bonn, Mayence. Verdun a un marché à esclaves. Il y a la foire de Champagne. La foire profite de la protection de la dynastie carolingienne. Saint Martin de Tours profite aussi de leur protection.

2/ Un marché : enjeu pour les pouvoirs

Le marché du haut moyen-âge est surveillé. Pour tous les pouvoirs, c’est un enjeu économique important. Les tonlieu est un impôt perçu sur la circulation des marchandises. Les agents du roi taxent le passage des marchandises tirées par les bêtes de somme. Les ponts sont surveillés et sont soumis à des péages. Les évêques et les abbés, indépendants, peuvent s’attaquer en justice pour tenter de contrôler des taxes.

Le précepte de 828 exonère les marchands. Les marchands sont trop différents d’un siècle à l’autre pour que l’on puisse les comparer. Ceux du VIe s. peuvent parler Grec et un peu Hébreu. Au IXe s, le marchand parle plutôt le Franc. En 744, Pépin est maire du palais. Les évêques reçoivent la responsabilité de créer des marchés légitimes. L’appât du gain intéresse le Pouvoir. En 864, il y a l’Edit de Pîtres. Les comtes font la liste des marchés dans leur circonscription. “Rien de nouveau sous le soleil” disent les anciens.

II/ Des hommes

A/ Du nord

On croise des marchands frisons de la Baltique aux fleuves russes. Les Frisons, Anglo-Saxons et Scandinaves balisent les axes commerciaux. Dorestad est développé par les Francs. Quentovic est une agglomération anglo-saxonne. Les Francs remettent tout en place.

B/ D’ailleurs

Les marchands autochtones circulent d’un domaine à l’autre. C’est un privilège du précepte des marchands. Le précepte est promulgué par Louis Le Pieux en 828. Les marchands sont exemptés de taxe.

La chambre royale conserve le trésor. Le camérier gère le trésor royal. C’est une sorte de ministre des finances. Les marchands, au service de Louis le Pieux, sont exemptés de taxes. Ils transportent les marchandises sans être taxés. Les marchandises peuvent être du sel, des produits de luxe, divers produits de consommation quotidienne.

III/ Des produits et des monnaies

Les taxes sont forcées. Les sources évoquent peu le quotidien, mais ce qui sort de l’ordinaire. Nous devons nous appuyer sur les sources normatives.

A/ Le luxe et le quotidien

L’Espagne exporte les cuirs de Cordoue ou encore les armes de Tolède. Les Francs importent de l’étain, du cuivre venant de la Bretagne ou encore des draps de laine. Le vin est exporté vers l’Irlande. Le sel de la Garance. Fer et Plomb/

Les productions courantes sont principalement vendues. Le commerce de luxe concerne les bijoux. Dans les marchés locaux, les surplus agricoles sont vendus.

B/ Or et désordre

Dans le domaine monétaire, le haut moyen âge marque l’histoire économique de l’Occident médiéval. Entre le IVe et le Xe s, les monnaies sont très différentes. Il y a au départ le « solidus », le sou d’or, hérité de Constantin.

Les rois germaniques frappent leur monnaie. Mais la frappe monétaire entre dans une période d’émiettement. Le monnayage en cuivre entre en concurrence. Les ateliers se multiplient. L’émission monétaire est contrôlée par les évêques et les abbés.

C/ Ordre et argent

Les carolingiens ne laissent pas la situation en l’état. Dès 755, Pépin restaure le monopole royal sur la monnaie. Ce sont 264 pièces qui sont frappés pour une livre d’argent. Les deniers sont émis sous Charlemagne. La réforme monétaire a lieu dans la période 789 - 800.

Les ateliers sont centralisés. Les pièces émises par l’Eglise sont plus rares après 794. A part quelques personnages royaux, les grands laïcs ne peuvent plus battre monnaie. Seuls certains ateliers peuvent émettre des pièces. Charles contrôle les principaux ateliers.

En 793 - 794, on réforme la monnaie. On passe de 264 à 240 pièces par livre.
  denier de Pépin pèse 1,36 g.
  denier de Charlemagne pèse 1,80 g.

L’effigie du roi se diffuse dans l’Empire. Le pouvoir peut ainsi s’affirmer. Pendant le règne de Louis le Pieux, de nouvelles tensions existent entre le pouvoir impérial et les Grands. Les lieux de frappe de la monnaie se multiplient, et la monarchie s’affaiblit.

En 833, Corvey obtient la frappe monétaire. L’évêque d’Hambourg peut frapper monnaie en 834. C’est en 861 pour l’abbaye de Prüm.

En 864, le capitulaire de Pîtres émis par Charles le Chauve rappelle que les monnaies ne sont frappées que par les ateliers qui dépendent du comte du lieu. Ils sont ainsi limité à neuf. Mais à la fin du règne de Charles le Chauve, les ateliers se multiplient...

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