Ulysses Saloff-Coste

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Domaine de Staffelsee

lundi 27 mars 2006, par Ulysses Saloff-Coste


Attention : ce texte a été rédigé par le webmaster du site. Merci de m’envoyer un courriel s’il vous a été utile. Ca fera toujours plaisir.

Le domaine de Staffelsee, dépendance de l’évêché d’Augsbourg (v. 810)

Traduit du latin. Référence : Brevium exempla ad describendas res ecclesisticas et fiscales, éd. A. Boretius, Monumenta Germaniæ Historica. Leges, II : Capitularia regum Francorum, t. 1, Hanovre, 1881, p. 251-252.

  Le monde carolingien, Edouard Perroy, (Fels : 220 92) ; pp. 21 - 51
  L’empire carolingien, Pierre Riché, (Fels : 114 003/215)
  Ius Medii Aevi, 1. La structure et la Gestion du Domaine de l’Eglise au Moyen-Age dans l’Europe des Francs, Joseph Balon ; Les anc. Ets Godenne, Namur, 1959 ; (Fels : 84 998)

Vocabulaire

Quantités
  4, Les journaux correspondent à la surface labourable en un jour.
  5, Les charretées sont le contenu d’une charrette. Quantité importante.
  7, Le muid est une mesure de capacité.
  10, La demi mesure et la mesure semblent être déterminées à l’aide d’un récipient. Il n’y a pas de volume de référence.
  18, Le setier est une mesure de capacité pour les grains. Il va de 150 à 300 litres selon le lieu.

Outils
  12, Une faux est composée d’une lame arquée fixée à un long manche [falx, faux]
  12, La faucille est une petite faux.
  12, Une doloire permet de dégrossir du bois.
  12, Les cognées servent à abattre les arbres.

Végétaux
  7, le malt est de l’orge germé et séché. L’orge se distingue du blé par ses épis allongés et toujours barbus
  17, Le lin est une plante utilisée pour sa tige. Elle est transformée en fil.
  18, La lentille est une légumineuse. Ses graines sont comestibles.

Glossaire
  22, un ost est l’armée
  26, charroi, ensemble de charettes.
  31, ‘aratura’, « labour ».
  29, « cheval de marche » (parafredus) Palefroi ?
  32, ‘uxor’, « femme mariée, épouse »
  35, ‘episcopatus’, de e)pi/skopoj, « inspecteur des marchés », « surveillant » d’où évêque

Commentaire

L’évêque d’Augsbourg (Bavière) dirige le domaine de Staffelsee. Nous avons étudié le domaine de Palaiseau. Il s’agit encore de l’inventaire des productions domaniales. Mais, l’inventaire se concentre plus sur la production agricole que sur la superficie de chaque parcelle labourée.

L’inventaire présente le paiement en nature et en corvées par les habitants des ‘manses’ au ‘dominium’. Le mot « domaine » montre l’importance de la verticalité des relations afin que l’autorité s’exerce ; ‘dominus’, « maître ».

Le terme de « labeur » (laboriosus, pénible) est plus adapté que celui de « travail » (l.18 ; trepalium, instrument de torture) pour les corvées. Le mot « travail » est lié à l’époque industrielle.

Problématique

Comment sont réparties les labeurs, dûes par les “manants” au domaine de Staffelsee ?

I/ La COUR - curtis, curia, hoba en All.

A/ Bâtiments

Comme nous l’avons vu pour le domaine de Palaiseau, la cour possède des bâtiments et des parcelles de terre. La cour se protège de l’intérieur et de l’extérieur. Elle assure par exemple la surveillance de prisonniers et empêche la fuite d’esclaves résistants. Pour le domaine de Staffelsee, il y a un moulin (14), dont la force motrice est l’eau. Le gynécée (gynæceum) est l’atelier des femmes (13).

B/ Rustiques

Les rustiques (« habitants de la campagne » ; rus, campagne) sont composés d’ingénus (ingenuus, « né libre » ; ingénuile, 16) et de serfs (30). Comme pour le domaine de Saint Germain des Prés, il y a plus de manses ingénuiles garnis que de serviles : 23 pour 19 (16|19).

A la différence des serfs, les ingénus peuvent rejoindre l’ « ost » (22). Faute d’être présents, ils livrent un « bœuf » (22). Les serfs fournissent de leur côté un “palefroi” ou « cheval de marche » (28).

Nous observons que le tissage est confié aux femmes. Elles tissent dans le « gynécée » (13). La “serve” peut aussi avoir à tisser « une pièce de toile (laine feutrée) et de drap (tissu résistant) » (33).

Les prébendiers (6) remplissent des corvées en échange de grains. C’est la « provende ». Elle permet de passer l’hiver. La « saint Jean » est le 27 décembre.

Quelles sont les labeurs à accomplir par les “manants” ?

II/ Le MANSE - mansus, « manere », demeurer

Le manse est une parcelle de terre où vit une famille. Selon sa taille, il peut être composé de champs, prés, bois, etc. Les “manants” paient en nature leur redevance au domaine épiscopal et remplissent des corvées (17 - 33).

A/ Caractéristiques des labeurs

1/ Superficies

Chaque groupe de manses est associé à une superficie de terre à cultiver dans la réserve de l’évêché. Les tenanciers labourent ainsi par exemple « trois journaux » (18). Les superficies à labourer entre “ingénus” et “serfs” sont difficiles à comparer : d’un côté on parle en journaux (19, 20, etc.) et de l’autre en « demi-charruée » (31).

2/ Temps

Par contre, nous pouvons comparer le temps de labeur demandé par les ecclésiastiques aux “manants”. Les “ingénus” labourent pendant 2 à 6 semaines par an la réserve (18|21), tandis que les “serfs”, ce sont 3 jours par semaine (31).

B/ Nature des labeurs

Les “manants” peuvent
  s’occuper de transmettre des messages (25). Ils informent des quantités de vins obtenues ; « fait le service de message pour le charroi de vin », 26. Il sert de “cavalier”.
  couper une certaine quantité de bois. Elle est exprimée en « charretées » (26).
  assurer les « labours » (18, 24, 27, etc.). La terre est ainsi retournée.
  assurer la « moisson » (20, 24, 27, etc.) est la récolte des céréales.
  Assurer la fenaison ou le fanage ; « fauche dans le pré domanial et rentre 3 charretées » (28). L’herbe fauchée est séchée.
  Assurer les vendanges. Il semble que les vignes soient absentes dans ce domaine.
  Tailler les haies.

Le tenancier a la possibilité de faire paître son bétail dans les bois domaniaux ; glands pour les porcs. Il peut assurer sa réserve de bois.

Conclusion

Le domaine de Staffelsee gère son territoire par la main d’œuvre fournie par les habitants des manses libres ou serviles. La répartition des labeurs assurent pour l’évêché un approvisionnement varié tant pour la consommation quotidienne que pour la guerre.

Professeur

Les terres sont proches de l’île de Staffelsee. Abbaye bénédictine.

Description de la cour. Elle est plus décrite que pour Saint Germain des Prés. Les animaux sont précisés. Les possessions en bétail. Il y en a beaucoup. C’est un centre d’élevage. Il y a de nombreux prés. Nombreux animaux. Cela forme des revenus. Le porc, suspendu. Fromages de lait de vache, ou d’autres animaux. Les tonneaux. Beaucoup de bois : beaucoup d’instruments.

Le gynécée pour les 24 femmes. Les prébendiers. Il y a quelques esclaves qui sont ouvriers agricoles. Il faut bien qu’il y ait quelques personnes. 72 esclaves qui ne possèdent pas de manses. Ils sont uniquement logés, nourris. Ils font les travaux de tous les jours. Il faut s’occuper des animaux ; les emmener au bois. Les esclaves devraient être nourris tous les jours.

Les esclaves sont placés dans les cabanes. On leur donne le grain pour l’année ou les 6 mois. Les esclaves font eux mêmes leur pain et nourriture. C’est moins compliqué. Pour nourrir 72 personnes, cela prend du temps. La préparation des aliments prend plus de temps. Le grain est peut être du seigle. Le grain est donné pour que les esclaves puissent se nourrir, 7. La Saint Jean. Solstice. 21 juin. Après la Saint Jean, on moissonne. Il est possible de recevoir une nouvelle ration de grains. On leur donne le grain 2 fois par an. Saint Jean, 24 juin à tous les coups.

Prébendiers. Provende ou prévende. Ils sont nourris et s’occupent de la réserve.

Dans la cour, il y a des manses libres et serviles. Dans les grands domaines, les superficies ne sont pas précisées. Etude précisée des 6, pour voir par la suite, la différence.

Redevances. Muids de grains. A Augsbourg dans les Alpes, il est possible que ce soit du seigle. L’avoine est plus rare. Il doit y avoir des arbres. Troupeau de cochons.

Le lin est une herbe. Tige avec petit épis qui pousse au bord des lacs. Au moins de juin, il fleurit. Alors, il est moissonné au ras du sol. On en fait des gerbes de blé. Les germes de lin sont noyées dans l’eau. Au bout d’un mois, quand le lin commence à pourrir. Le lin est étalé et raclé. Il reste les fibres de lin. On en fait des pelotes de lin pour le tisser. On ne récupère que les fibres de cellulose. Les femmes doivent donner des graines de lin pour que le seigneur puisse semer. Le domaine vit du tissu de lin. Le lin est plutôt développé en Belgique de nos jours.

Setier de lentilles. Setier est une mesure. Les mesures diffèrent. Pendant 5 semaines par an, ils travaillent pour le propriétaire. Le dimanche est le jour de repos.

Le journal est la quantité de terre labourée en un jour. Ils doivent couper une « charretée dans le pré du maître ». Ils coupent l’équivalent d’une charrette. Le reste est coupé par les esclaves. La Bavière n’est pas réputée pour son ensoleillement. Ils placent les herbes dans les hangars pour que l’herbe sèche.

Les gens participent à la culture de la réserve, non pas par des corvées. La surface est un ‘lot corvée’. La récolte va chez le maître.

Ils livrent un bœuf pour l’ost.

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