mercredi 22 mars 2006, par Ulysses Saloff-Coste
Attention : il s’agit ici d’un exposé d’un étudiant. Ce n’est pas un cours d’un professeur. Des coquilles peuvent subsister dues à mon inattention ou à celle de son auteur.
Le chambre et le lin permettent de tisser les habits. Quel est le statut des hommes qui travaillent la terre ?
Valeur marchande et symbolique. Les terres fiscales sont très recherchées par l’aristocratie. Elles ne sont pas toujours plus fertiles. On en tire plus de légitimité.
‘terre fiscale’. ‘Fiscus’. Qui est le principal détenteur de terres fiscales ? C’est l’Eglise. A la fin du VIe s, Chilpéric explique que les royaumes sont aux mains des évêques. A chaque génération, les princes font don de leur terre aux ecclésiastiques. Charles Martel a “nationalisé” les terres de l’Eglise. Raison : ce sont des terres publiques, des terres du fisc.
La villa n’est pas une unité d’exploitation foncière, mais une unité de comptes fiscaux. Jean Dorliat ; Magnou ; Nortier. Débat. La ‘villa’ serait une unité agricole.
On pense à la ‘villa’, le grand domaine. Mais, ce n’est pas la seule structure d’exploitation. Petite propriété survit. Les grands domaines sont les structures foncières les mieux connues des historiens. Pour autant, ce n’est pas la structure dominante. Michel [Kaplan ?]. « Les hommes de la terre ». Il explique qu’au contraire, la petite propriété est très présente.
Ces petits propriétaires n’ont pas laissé de sources. « Crimes parfaits » pour l’enquêteur historien. Renforcement et extension par rapport à la petite propriété. Période de trouble et de danger. Mieux vaut être un petit propriétaire, en construisant une défense, que d’être un paysan perdu au milieu de rien. Comme pour certains territoires d’Amérique latine.
Les petits paysans sont entrés dans les domaines. Vente de la terre et bien souvent de sa liberté. Contrat « précaire » (‘precaria’, « prière »). Le maître du sol rétrocédait la terre au paysan. Culture de la terre en tenure précaire.
Paysan libre - tenancier
Propriétés - tenure précaire
Echange de protection. Intérêt que les casseurs ne viennent pas détruire la parcelle.
Le tenancier peut être contraint d’effectuer des jours de travail sur les terres du maître. Possession de bras... Le paysan aliénait sa liberté contre un lopin de terre et une protection.
Si don de la terre, aliénation de la liberté. On peut conserver une partie de liberté personnelle. Niveau intermédiaire entre esclavage et liberté. 80%. Empire carolingien est un empire esclavagiste. Le statut de l’esclave sur un domaine de Saint Denis n’est pas exactement celui décrit par Aristote.
Le phagocytage des propriétés s’accroît à l’époque carolingienne. “Protections”. Les carolingiens préfèrent contrôler les territoires, plutôt que de laisser les paysans libres. Mais au XIXe s, opposition faussée entre les Francs et les gallo-romains.
Revenus de terres. Le propriétaire du grand domaine peut être le roi. Etablissement ecclésiastique. Sans les clercs, pas de sources écrites. E formes de grand domaine :
Si la personne est dans la ‘réserve’, il est nourri. Dans la tenure, une partie des moissons est utilisée pour son alimentation.
L’époque carolingienne est une époque de concentration foncière. Centralisation politique. Charles et ses successeurs ont intérêt de tenir en main l’Empire. “Sympathique” régime dictatorial. Patron, responsable aux yeux de Charles. Il peut payer les redevances. Une partie n’est pas divisée, quand héritière.
Subdivision du grand domaine avec l’apparition de la vassalité, par la suite. Dominique [Barthélemy ?]. Développement du grand domaine classique est du à l’action de l’autorité publique. Concentration menée par la royauté. Les abbés suivent l’avis du roi. Pas de tonsure en trop...
Le capitulaire « De villis ». Politique volontariste de Charlemagne. Il souhaite rentabiliser les domaines royaux en rationalisant la gestion. On va impulser des défrichements. Le roi chasse dans les forêts.
Le roi ordonne aussi aux intendants de recenser les revenus de l’exploitation. Charles impose ce type de dénombrement : biens, production, travailleurs. Formidables indices sur la démographie des grands domaines carolingiens. Imposé à ses vassaux.Les Grands carolingiens.
Ce système oblige des paysans indépendants à rentrer dans la dépendance des grands domaines. La politique d’encadrement de la population rurale. C’est à mettre en relation avec la volonté d’être efficace envers la « res publica » (chose publique). Terres de Saint Germain des Prés.
L’abbé de Saint Germain des Prés. Irminon, abbé entre 806 et 829. Rédaction d’un polyptyque [peinture réalisée sur plusieurs panneaux reliés]. Fonctionnement d’un grand domaine à l’époque carolingienne. Le polyptyque décrit 25 ‘villae’. 40 mille ha. Colossal. Plus de 20 mille ha sont affectés au bien être des 60 moines. Terres homogènes. Terres de 30 à 40 ha , labourées d’un seul tenant. Un ha, 1000 m2. Si on tient compte du lieu, homogénéité rare. Structure vallonnée.
Tenures « ingénuiles » (en théorie libres) et serviles (occupées par des dépendants plus ou moins non libres). Forte pression démographique. Plusieurs familles sont sur le même ‘manse’. Les terres du bassin parisien sont plus riches.
‘Ager’, espaces cultivés. ‘Saltus’, espaces incultes. Aux yeux des Romains, les Germains sont des habitants de la forêt. Opposition pas totalement juste. Il y a la forêt proche. Elle est exploitée. Exploitation du milieu naturel. Elevage en semi-liberté. Le haut Moyen-Age est la période où se crée une addition de l’ ‘ager’ et du ‘saltus’. Les deux logiques s’additionnent et se complètent. Le producteur du haut Moyen Age cherche à tirer partie du milieu naturel. Il soigne les espaces sauvages. Il en retire des moyens de subsistance.
La céréaliculture gagne du terrain. Au VIIIe et surtout au IXe, dans le nord de la Gaule, rotation triennale. Même assolement triennal. Développement céréales d’hiver, de printemps. Possibilité que les sources soient trompeuses. Quand ils parlent d’assolement triennal, c’est peut être exceptionnel. Démarrage du système. Ce qui est sûr, c’est que la faiblesse agricole est due au rendement. Le Roy Ladury. Pas de mention des dates des vendanges. Pas de dates des bans des vendanges. En plus, pas de calcul à partir des arbres. Plus beaucoup de chênes de l’époque. On connaît les périodes difficiles. En 868, mauvaise année au niveau des précipitations.
Polyptyque de Saint [Maur des Fossés]. On ne sait pas comment est l’attelage. Si mauvais système d’attelage, pas de force. Est-ce une araire ou une charrue. Dans les polyptyques carolingiens, les deux mots coexistent. Il est probable que les paysans aient utilisé l’un et l’autre système. On rencontre des outils comme les houes (instrument aratoire à deux dents), faucilles, bêche. Serpettes. Cognées. Doloire pour aplatir. “Dictionnaire de Cachiver”. Bonne iconographie. “Jeter le manche après la cognée”. @ 22 III 06
Les hommes des exploitations carolingiennes. “Ventre affamé n’a pas d’oreille”. A Villiers-le-Sec, peaux des bêtes sauvages sont utilisées pour relier les manuscrits.
Charles concède la jouissance d’une forêt avec ses animaux. La peau des animaux sauvages peut être utilisée pour relier les manuscrits. Les fusaioles sont des pièces utilisées sur les métiers à tisser ou les [rouers ?].
La chasse au petit gibier n’est pas réservée pendant l’époque carolingienne aux seuls nobles. Les paysans peuvent difficilement chasser les animaux.
La chasse tend à être considérée comme l’apanage de l’aristocratie. Consommation de viande grillée ou rôtie. Elle est appréciée des tables des puissants. La chasse est une activité guerrière. Critères d’habilité, de stratégie, de vaillance. C’est une passion chez les Grands. Les puissants peuvent mourir d’accidents de chasse. L’accident est courant.
Il y a les fruits sauvages. Fraises, framboises, mûres. Ce sont les produits d’agriculture sauvage. Le bois est tiré de la forêt. Le bois est la principale matière. Le mobilier est en bois. Toute une partie de l’armement utilise le bois.
Les céréales nobles comme le froment. En un siècle, des céréales moins goûtés des Romains : seigle, avoine. Mais aussi des céréales qui ont disparu pendant un moment : épeautre, mil et sorgho. L’orge est utilisé pour la bière.
Les céréales sont utilisés pour les pains. Ce ne sont pas des grandes miches. Il faut imaginer le pain du haut moyen âge plus proche des galettes, comme dans le Proche Orient. Les céréales ne lèvent pas.
Ils sont consommés sous forme de bouillie ou de soupe. Apport en légumineuse comme les fèves, les petits pois, les châtaignes. 300 - 900 m d’altitude. Les légumes verts : choux, poireaux. Les légumes sont cultivés dans des jardins qui jouxtent les maisons. La ville médiévale n’est pas totalement urbanisée. La ville médiévale est d’abord un espace semi rural. Le fils aîné de Louis VI meurt en 1131 pour un simple accident animalier.
Les jardins sont une zone franche dans le onde surveillé de l’agriculture carolingienne. Le maître ne taxe pas les jardins paysans. Des volailles sont élevées. Des ruches sont placées pour le miel. Il n’y a pas de sucre. Besoin du goût sucré et conséquences sur l’Occident.
Les engrais sont animaux ou humains. C’est l’équivalent du tiers-monde contemporain. Adouin-Rouzeau, spécialiste de la zoologie médiévale. En deux siècles, les animaux sont moins vigoureux. Il n’y a pas encore d’explications sur les motifs de l’évolution. Les animaux médiévaux comptent entre 25 et 30 cm de moins que les animaux antiques. Est-ce lié au mode d’élevage ? Les hypothèses sont recevables mais, elles ne sont pas confirmées. Ne pas imaginer les animaux du Moyen Age comme ceux du XXe s. Le cochon du haut Moyen Age ressemble au cochon sauvage qui hante le maquis.
Gravures révolutionnaires. Le cochon est un sanglier. L’évolution des races a des conséquences. Quand le cochon pèse entre 30 et 75 kilos. Il y a entre 40 et 50 kilos de viande. Problèmes d’alimentation. Mode d’élevage. Le développement des ovins. 85% des domaines ont un élevage ovin. Tout n’est pas mangé dans le cochon.
Le vin est à la fois un produit de consommation courante et d’exception. C’est le complément de l’hospitalité. C’est un élément qui intervient dans la médecine. C’est une agriculture épiscopale, monastique et paysanne. Quand elle est épiscopale, l’évêque a ses vignes. Dans Paris, il y a quelques arpents de vignes.
La noblesse plante des vignes dans le domaine. Acquérir des vignes dans les zones viticoles. Les Anglais font la fortune du Bordeaux. Les Anglais restent fidèles au Bordeaux. Le Languedoc n’est devenu une zone viticole au XIXe s. Alsace, Vallée du Rhin - Bozel et accessoirement la Loire.
La règle de Saint Benoît prévoit la fabrication de vin. N’imaginons pas une occident planté de kilomètres de vigne. Le vignoble n’excède pas 3,7% des terres de Saint Germain des Prés. Cela ne représente pas beaucoup de vignes. On ne récolte pas plus de 6 300 h de vignes par an.
Les esprits critiques peuvent reprocher l’absence de la vie quotidienne. La masse des paysans est un troupeau d’esclaves est l’écrasante majorité de la population. Ce sont eux qui nourrissent les guerriers et les moines et qui édifient l’Empire. A quelques exceptions notables, l’époque n’a pas connu de fragilité alimentaire. En gros, il y a une famine entre tous les 25 et tous les 50 ans. Le problème de l’équilibre alimentaire est un autre problème. Il y a une relation forte entre le monde paysan et le monde sauvage. Le proche univers non cultivé fait partie des sources de revenus du monde paysan.
Objectif d’autosuffisance des aristocrates carolingiens. Un domaine doit fournir tous les éléments dont on a besoin. Le capitulaire consacré au domaine ou ‘De villis’ n’a pas d’autres objectifs que de rendre les domaines royaux autosuffisants. Comme dans le plan de Saint Gall, le système semble autarcique. Pour le savoir, étudions les échanges.
La cuisine médiévale présente des recettes très riches. Ruines de l’abbaye sont proches d’une rivière. Mets recherchés dans la cuisine monastique. Bernard de Clervaux. Quand Saint Bernard se rend à Cluny, il se plaint de ne plus avoir faim au deuxième plat. Gastronomie remarquable. Viande consommée bouillie et non rôtie. Eghinard rapporte que Charlemagne, à la fin d’une vie excessive, souffre de la goûte. Charlemagne se met en colère. Le régime proposé par les médecins s’assimile à celui des moines. Dans les sociétés anciennes, la table est un statut social. Il faut être prudent. Il y a une fracture alimentaire au XXIe s. Les populations touchées par l’obésité sont les plus modestes.