Ulysses Saloff-Coste

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Les difficultés de la vie quotidienne à Rome

mardi 4 janvier 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Juvénal est né en Campanie, à Aquinum vers 55 ap. Il est d’origine modeste non misérable. En 100, il publie ses premières satires. Elles décrivent les mœurs de la population. Dans la troisième Satire, il présente la vie quotidienne du romain « moyen » dans Rome au Ier s. ap. [Juvénal, Satires, III, v.190-314 (extraits)]

A. La population de Rome à l’apogée de l’Empire

  1. Une ville surpeuplée : Rome avec les conquêtes a grandi. Des provinciaux s’installent, suivis des esclaves, liés à leurs maîtres. Les plus grosses fortunes de l’Empire y habitent. La Ville est cosmopolite ; sa grandeur étonne les contemporains. Au IIe s. il y a entre 1 et 1,7 millions d’habitants. La croissance la plus forte est au Ier s. Sous Auguste , il y a 1 million d’habitants. Les inconvénients de la ville sont amplifiés par les insuffisances des servies urbains, malgré les efforts des empereurs.
  2. Les encombrements : Juvénal montre qu’un simple piéton a du mal à se déplacer dans la rue. L’écrivain se rend chez son patron. D’autres écrivains qui ne sont pas des satiristes, témoignent de l’encombrement. César interdit tous les chariots pendant la journée à l’exception des ceux des démolisseurs ou constructeurs. Au IIe s., l’interdiction est renouvelée car elle n’est pas respectée. Les rues sont étroites, sinueuses. L’urbanisme n’est pas celui d’Alexandrie. On compte seulement 22 rues assez larges pour que deux chariots puissent se croiser. Les plus larges font six mètres. Les artisans, commerçants exercent leur métier sur la rue. Domitien a tenté de limiter l’invasion de la rue par les commerçants. Les bruits de Rome "ôteraient le sommeil à Drusus" (l’empereur).
  3. Une ville dangereuse : la pègre est nombreuse et assez organisée. Un des repaires était les marais pontins, à 40 km au Sud-Est de Rome, près de la via Apia. L’absence d’éclairage la nuit, du nom des Rues, de numérotation facilitent l’égarement des personnes ; on se perd très facilement. Les boutiques ferment tôt, sont barricadées. Seules les tavernes restent ouvertes. Il y a sept cohortes de mille vigiles chacune. Ce sont des pompiers et des policiers de nuit. Pour le jour, il s’agit de la cohorte urbaine.

B. Les problèmes de l’urbanisme

  1. L’hygiène : les rues sont sales. Seuls quelques batiments du centre respectent l’image d’une ville propre. César a tenté d’obliger les propriétaires de nettoyer leur rue et a prévu laconstruction de trottoirs. Les latrines étaient payantes. Les plus pauvres jettent leurs déchets sur la rue.
  2. Les constructions : les domus ou domi (pl) sont des maisons individuelles. Les insulae ou immeubles sont habités par les plus pauvres. Il y en a 45000 dans Rome. Il sont loués et construits rapidement pour des raisons de coût. Les murs ne mesurent pas plus de 45 cm d’épaisseur. On tente de gagner en hauteur ; on atteint jusqu’à six étages. Trajan a dû limité à 17 m la hauteur des insulae. Dans le texte de Juvénal, confirmé par Sénèques, le sol en bois craque ce qui provoque des écroulements. La démolition du bâtiment est le seul remède.
  3. Les incendies sont des fléaux fréquents et traumatisants. Les feu est utilisé pour l’éclairage, le chauffage, les cuissons. Les batiments sont en bois et torchi. Les fontaines publiques étaient insuffisantes pout éteindre les flammes. La scène décrite n’est pas exagérée : le locataire du 6e étage ne peut pas fuir, encerclé par les flammes. Les vigiles, sous Auguste, ont une sept casernes pour les 14 régions de Rome. La seule solution est de faire le vide autour du foyer de l’incendie pour éteindre le feu.

Conclusion : Juvénal a la nostalgie du passé. En tant que poète,habiter à Rome est une obligation. Il préférerait vivre à la campagne. Les prix de l’immobilier y sont divisés par quatre par rapport à Rome. Rome est faite pour les riches car ce sont les seuls à pouvoir s’isoler des inconvénients de la capitale par leurs litières et leurs jardins.

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