Ulysses Saloff-Coste

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Les progrès de l’autorité royale aux temps de Richelieu

jeudi 6 janvier 2005, par Ulysses Saloff-Coste


A. Richelieu et l’absolutisme

Après 1610-1624, Richelieu veut restaurer l’ordre, donner tout la puissance au roi. La France est dans la voie de l’absolutisme. Son testament politique et ses Maximes d’Etat montrent sa détermination. Pourquoi veut-il renforcer le rôle de l’Etat ?

  1. Raison de fait : les guerres de religion, puis la régence ont entrainé l’anarchie.
  2. Raison de droits : Richelieu connait bien l’histoire. Il a observé que face au Pape, l’autorité du roi doit être renforcée. Sous Philippe le Bel (1285-1314), en opposition avec Boniface VIII , des légistes ont eu l’idée de faire renaître le droit romain. On trouve : Guillaume de Nogaret, Pierre Flote, Marigny. Ils vont jouer l’opinion publique contre le Pape. En 1302, les premiers Etats-Généraux sont convoqués. Ils reprennent la notion d’ imperium . Cette notion est "mariée" avec celle de ministerium. Le roi est le ministre - lieutenant selon Louis XIV - de Dieu sur terre. Il est la main de Dieu. C’est la monarchie de droit divin.
  3. Raison de l’histoire : dans tous les autres pays, le "sens de l’histoire" tend vers l’absolutisme. Richelieu considère qu’il est l’auxiliaire du roi. Résister au roi, c’est résister à Dieu.
    • Pour le cardinal, il n’est pas normal que le peuple ait « la hardiesse » de se plaindre par les Etats-Généraux. Le roi peut avoir recour à toutes les rigueurs parce qu’il est au-dessus des lois. Richelieu écrit : « La perte des particuliers n’est pas comparable au Salut Public. ».
    • Mais, comment être conseiller d’un roi absolu ? Le roi est inspiré de Dieu. Mais le roi n’est pas un surhomme. Il ne peut pas tout voir. “Le roi doit avoir l’œil sur la boussole, mais pas sur la carte.". Selon Richelieu, il ne faut pas multiplier les conseillers. "Il ne faut qu’un seul timon."

B. L’obéissance générale

Richelieu cherche à abaisser les corps qui ont de l’autorité. Ces corps privilégiés ont des droits. Ils pevent faire contre poid. Le peuple n’est pas un réel danger.

  1. Le clergé : le concile de Trente en 1563 renouvelle le dogme. Richelieu facilite l’action des dominicains et bénédictins. Mais, il ne veut pas que l’Eglise puisse entreprndre des actions politiques.
    • Il faut que tout plie face au roi, même le parti dévot. Ses dirigeants sont soit arrêtés : Michel de Marillac, soit meurent comme Pierre de Bérulle en 1629.
    • Le cardinal va même jusqu’à éloigner le père Caussin, confesseur, de Louis XIII.
    • Il proteste contre contre la multitude des monastères. qui n’ont pas à payer les droits de mutation. Et, il réussit à recueillir de l’argent de l’Eglise.
    • En 1641, pendant une assemblée de clergés, des prélats sont récalcitrants. Deux archevêques et quatre évêques sont expulsés. Il veut que le roi puisse disposer des bien s de l’Eglise. Tout appartient au roi : le droit éminent de propriété.
  2. Face à la noblesse : des seigneurs regrettent l’esprit d’indépendance féodale. Richelieu met un service d’espionnage pour être au courant de tout.
    • Pour éviter que la noblesse se lève, les châteaux forts sont rasés.
    • Le duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne, à 81 ans, doit s’humilier face à l’archevêque qu’il avait giflé. Lui familier de Henri III et Henri IV, de Marie de Médicis , doit demander pardon à genou.
  3. Le parlement de Paris : au début du XVIe s, on trouve ceux de Bordeaux, Dijon, Aix, Rouen, etc. Celui de Paris est l’ancienne curia regis, au temps des premiers capétiens.
    • En 1631, Richelieu écrit à Louis XIII un discours de remontrances dont l’idée est "mêlez-vous de ce qui vous regarde". Des parlementaires sont exilés.
    • En 1641, le droit de remontrance est réglementé. Lettre au président : "Si vous continuez votre entreprise, [...] il vous en cuira."
    • (pour Tocqueville « l’individualisme est la rouille des sociétés ». La société atomisée va vers le totalitarisme.)
    • « Si les peuples étaient trop à leur aise, il serait impossible de les contenir dans les règles de leur devoir. » écrit Richelieu.
      • 1636-1637 : révolte des croquants dans le Périgord et le Limousin.
      • 1638-1639 : révolte des Va-nu pieds dans les pays normands.

C. La centralisation administrative

Les groupes privilégiés sont surveillés. Les organes administratifs sont perfectionnés. Ils vont innerver un meilleur rendement.

  1. Le gouvernement central :
    • les conseils du gouvernement déterminent les grandes décisions à prendre.
      • En janvier 1630, création du « conseil étroit » ou « conseil secret » ou « conseil des affaires » ou « conseil d’en haut » (1643). Sont présents le roi, le principal ministre, le surintendant des finances, les quatre secrétaires d’Etat et parfois les princes du sang.
      • Le « conseil des dépêches » (1617) rénit le roi, tel ou tel ministre, les secrétaires d’Etat. Ils s’occupent de répondre aux courriers.
      • Le « conseil des finances » comprend le roi, le surintendant, le chancelier [1], les quatre secrétaires d’Etat.
    • le conseil du Roi est proche du conseil d’Etat d’aujourd’hui. Il est tantôt « Conseil d’Etat et des finances » et conseil privé et des partis.
  2. L’administration locale :
    • les communes locales : comme les moyens de communication sont lents, les villages et villes ont de l’indépendance.
      • le conseil et le maire, syndic, consul.
      • assemblée générale des habitants répartit les impôts, distribue les tâches de distribution d’eau, de voirie.
    • A Paris, le maire est le prévot des marchands, les conseillers, comme à Lyon sont les échevins. A Marseille, on parle de l’énième consul selon son rang.
    • les officiers et commissaires : les premiers sont les propriétaires d’une charge, alors que les seconds sont désignés par une commission. Le commissaire est « l’œil du roi dans la province ». Les « commissaires départis » sont les maîtres des requêtes en chevauchée. En 1635-1638, on parle d’intendant de justice, des affaires fincières.

Conclusion : Richelieu a des ambitions militaires et coloniales pour la France.

  • Armée : en 1630, 60 mille hommes composent les effectifs permanents. Pendant la guerre de 30 ans, il y a 100 mille hommes. Ces troupes sont des mercenaires, pas uniquement fançais. L’armée manque de casernes, a des soldes irrégulières. Comme la plupart des soldats n’est pas française, les pillages sont fréquents.
  • La marine : épisode des protestants prenant l’île de Ré et d’Oléron forçant la France à empreinter des flottes aux Provinces unies et en Angleterre, en 1625.

Notes

[1] Le chancelier garde les sceaux. Il doit sceller les actes royaux. Quand le roi est absent, le chancelier préside.

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