L’assemblée, l’ordre et la carrière, sénatoriaux

A la fin de la République, le “haut du pavé” est tenu par les sénateurs. Ce groupe restreint est en haut de la pyramide sociale. Auguste remet de l’ordre dans l’assemblée sénatoriale. L’empereur s’appuie sur l’ordre sénatorial pour créer des fonctions. Ses successeurs vont le réglementer et le développer. Le rôle du Sénat va diminuer. Le Sénat est un creuset, un milieu où viennent se fondre des élites de tout l’empire. Les relations entre l’empereur et le Sénat vont contribuer à lui donner une bonne ou mauvaise réputation.

A. L’assemblée sénatoriale

1. La réorganisation de l’assemblée : à la fin de la République, l’ordre sénatorial n’est pas encore créé. Sous César, il y a plus de mille membres au Sénat contre le nombre de 300, théorique.
   • Pour devenir sénateur, il fallait être citoyen romain, être devenu chevalier romain (ordre non héréditaire), posséder un cens de 400 mille sesterces.
   • Pour rentrer dans l’assemblée, il fallait se présenter aux magistratures. A la fin de la République, le peuple en comice élisait.
   • Auguste a réorganisé ce « Senatus ». Le Prince a procédé à des recensements, en acquérant en 29 av, 28 av, 18 av, 11 av et 4 ap, la puissance censorienne. Le « lectio senatus » permet la révision de la liste des sénateurs.
     • Auguste a ramené le nombre de membres à 600.
     • L’âge nécessaire pour la questure passe de 30 à 25 ans.
     • Auguste impose un cens de 1 million de sesterces aux sénateurs.
     • L’empereur oblige les sénateurs à être domicilié à Rome. Il veut éviter l’absentéisme.
     • Auguste a limité la liberté de déplacement des sénateurs en Italie et la Sicile. Claude ajoute la Gaule narbonnaise. Les sénateurs sont fidélisés à l’assemblée.
     • Le Sénat a un caractère italien et romain. Auguste n’a pas ouvert le Sénat à beaucoup de provinciaux. Le règne de Claude marque l’ouverture à d’autres régions.
2. La création de l’« ordo senatorius » : Auguste a créé un groupe comprenant des membres et leurs fils, âgés d’au moins 17 ans. L’appartenance des femmes et filles est virtuelle. Ce groupe social possède des conditions d’entrée, des signes distinctifs, d’appartenance.
   • Parmi ces fils, âgés d’au moins 17 ans, certains appartiennent à l’ordre équestre. Ils restent chevaliers jusqu’à la questure. Ce système prend fin au règne de Caligula.
   • A partir du règne d’Auguste, l’ordre équestre alimente l’ordre sénatorial. Velleius Paterculus parle de “l’un et l’autre ordre” - « uterque ordo ». La mention d’« ordo senatorius » apparaît sous Claude.
     • Sous Caligula, en 38 ap, les jeunes citoyens (17-20 ans) sont autorisés à porter le laticlave : c’est une large bande d’étoffe de couleur pourpre que les sénateurs portaient sous leur tunique comme signe d’appartenance à l’ordre sénatorial.
     • Claude crée l’« adlectio » qui signifie ajouter. L’empereur peut intégrer un citoyen ayant un million de sesterces dans l’assemblée, donc de l’ajouter à l’ordre sénatorial.
   • Les signes distinctifs sont :
     • le « laticlave » : de latus, large. C’est une bande d’étoffe de couleur pourpre.
     • les places réservées ou proédrie pour l’amphithéâtre flavien, à partir de 64 ap. et le « Circus maximus ».
     • Des privilèges d’ordre judiciaire : en cas d’inculpation, le sénateur est jugé par ses pairs.

B. L’assemblée et la carrière sénatoriale sous les julio-claudiens

1. Le fonctionnement et les attributions du Sénat :
   • L’assemblée (600 membres) se réunit deux fois par mois : aux kalendes - le premier jour du mois - et aux ides - 13e ou 15 jour du mois ; César est assassiné le 15 mars 44 av.
   • Le principal lieu de réunion est la « Curia iulia », mais aussi des temples. La Curie est de forme rectangulaire. Les rangées sont dans le sens de la longueur.
     • Les sénateurs siègent par ordre d’ancienneté. Le vote respecte la hiérarchie : du plus ancien au questeur.
     • Le président est le « princeps senatus » - premier du Sénat - ; quand l’empereur est à Rome, il préside. Des consuls ou le Préfet de la ville peuvent aussi présider.
   • Il y a trois domaines de compétence :
     • A partir de Tibère, les magistrats sont élus par le Sénat. Les comices n’ont plus ce pouvoir.
     • Dans le domaine judiciaire : le Sénat peut traiter des procès de lèse-majesté ou de détournements de fonds.
     • Compétences législatives : les sénateurs votent des décrets au Sénat : le « senatus consultus ».
   • L’« aerarium populi romani » est, sous la République, le trésor public. Le Sénat gère cette caisse.
   • Il y a aussi le droit de surveillance sur la frappe des monnaies de bronze. Il existe la monnaie d’or ou aurelius, celle d’argent ou denier et différentes monnaies en bronze. SC signifie “par senatus-consulte”. Pour les autres monnaies, l’empereur et le « a rationiubus » sont chargés de la frappe.
2. La carrière des sénateurs : le « cursus honorum » ou carrière des honneurs, de honos, honoris, charge, magistrature, fonction. Des statues sont posées sur des bases, précisant la carrière du sénateur, afin de rendre hommage. Différentes fonctions de :
   • magistratures à charge élective, non rémunérées.
   • impériales, par nomination par le Prince, rémunérées.
   • Le réseau routier facilite le changement de postes, lorsque la mer méditerranéenne est impraticable (fin automne jusqu’à l’hiver).
   1. VIGINTIVIRAT : de vir, homme et viginti, vingt. 20 hommes exerce cette première magistrature. Les collèges sont :
      • un triumvir capito (3 hommes) chargés des exécutions capitales.
      • un triumvir “monétaire” est chargé de surveiller la frappe des monnaies.
   2. TRIBUNAT LATICLAVE de LÉGION : le jeune homme est envoyé pour plus d’un an dans l’état major d’une des 25 légions de commandant.
   3. la QUESTURE : être âgé de 25 ans ; 20 questeurs sont élus chaque année ; entrée dans le Sénat comme sénateur.
      • deux sont auprès de l’empereur.
      • quatre sont auprès des deux consuls.
      • deux sont questeur urbain ; ils sont chargés des archives du Sénat.
      • douze sont envoyés dans les provinces sénatoriales (dépendant su Sénat). Ils collabrorent avec le gouverneur.
   4. EDILITÉ ou TRIBUNAT de la PLEBE. Les patriciens peuvent “sauter” cette magistrature.
      • Les édiles (au nombre de 6) surveillent la vie matérielle de Rome : poids et mesures, police urbaine,etc.
      • Les tribuns (au nombre de 10) ont perdu leur prérogatives face à l’empereur. Ils peuvent convoquer le Sénat et s’opposer à un vote - droit de veto.
   5. la PRÉTURE : pour devenir préteur ; être âgé de 30 ans ; entre 15 et 18 préteurs ; magistrature supérieure.
      • Ils président les tribunaux ordinaires sans instruire les affaires.
   6. les FONCTIONS PRÉTORIENNES : les rythmes de carrière diffèrent entre chaque sénateur, nommé par le Prince pour ces charges.
      • les commandements de légion : LEGAT de LÉGIONS
      • les gouverneurs de provinces impériales ou sénatoriales.
      • responsable de l’« aerarium saturni ».
   7. le CONSULAT : être âgé de 32 ans ; chaque année deux consuls sont élus :
      • au 1er janvier, ce sont les consuls ordinaires ou éponymes parce qu’ils donnent leur nom à l’année (sous le consulat de...)
      • Puis, les consuls suffects remplacent les précédents en cours d’année, pour éviter le phénomène de “bouchons”.