Ulysses Saloff-Coste

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Seigneurie foncière : un domaine ecclésiastique en Lorraine

vendredi 18 février 2005, par Ulysses Saloff-Coste


Il répertorie tous les alleux qui lui reviennent. C’est une terre qui est libre de tout seigneur, de toute charge. Seul son propriétaire a des droits. Sehier est censier général. On lui verse le cens : redevance payée en nature ou en monnaie. On va se demander en quoi il nous éclaire. _ Comment le cens est-il établi ? De quelle manière le cens est payé ? Le cens est le loyer que les tenanciers versent. Ce loyer n’est pas arbitrairement défini. C’est un revenu fixe. l.5 : Sehier dit qu’il a consigné. l.7 : répertorier pour l’avenir ; cela montre la fixité du montant du cens. Ce n’est pas aux moines de décider à l’avenir. Il se trompe sur la foi du serment.
Les alleux ont des dimensions précises. Un quartier : l.1, dimensions de l’alleux. Meis : l.12, un tiers d’ha. Le don en nature est surtout alimentaire (l. 14 et 26) pules (l.16, 33, 33). Chapons : coq pour la table. Don en monnaie. Obole : moitié d’un denier. Les propriétaires attendent des sommes : un denier,etc. Ce n’est pas que matériel : services rendus à la communauté. Service agricole : la corvée de laboure (l.17), une journée de fauche et de fenaison (récolte des foins). Les trémois : mi-mars. l.24.

Ces travaux peuvent être, l.15, « pieds de haie ». Délimiter les terrains. Topologie du lieu. Poser des fardeaux sur le toit de la grange. Les bardeaux : consolider un toit ou un sol. Si la longueur d’un travail est précis, c’est par un calendrier.
Travaux des champs sont fixés : mois de juin, de mars. Le calendrier des dons est toujours à des fêtes religieuses (l.14 et 15). l.26 : entretenir les quartiers. Travaux sont monnayables (l.31). Les revenus d’un domaine foncier ne sont pas déterminés selon l’arbitraire, mais plutôt par coutume. Chacun est tenu de les respecter. Ce texte n’émane que d’un seul parti. Il ne reconnaît pas en cause. Il ne cherche pas à changer le domaine foncier. Le domaine est un héritage. l.13 : l’alleux a été donné.

Commentaire du professeur : censier, toutes les chartes qui concernent les cens. Nature : charte dans laquelle le premier abbé de Chaumousey. Le premier abbé consigne les domaines qui ont été donnés au moment de la fondation de l’abbaye. Ce sont des alleux : des propriétés venant d’une fortune foncière, sans charge féodale. Ce sont des terres libres de tout charge.
Cette liste des cens relevée au moment de la fondation de l’abbaye consigne ce que les paysans devaient payés à l’ancien propriétaire. Transfert de propriété de ces terres. Les paysans ne voient pas leur statut changer. Ce qu’ils doivent, c’est le cens. Le livre consigne les chartes. Cette charte a pu être conservée sur le censier de l’abbaye. La copie de cette charte est conservée dans le censier.
Nous sommes au début du XIIème siècle. Nous sommes dans une période de progrès, de défrichement. En Lorraine, les terres sont plus difficiles. Dons de personnes pieuses. La réforme grégorienne est une période de ferveur religieuse. La Lorraine est une partie de l’Empire en 843. Beaucoup d’alleux, sans plusieurs seigneurs sur une terre. Mais, en France du Nord, « il n’y a pas de terre, sans seigneur ». Problématique : domaine foncier, une terre qui appartient au seigneur. De quoi est composé un domaine foncier classique. Deux catégories de terres : les réserves aux seigneurs et les tenures. Les terres de tenure sont cultivées par les tenanciers. Mentions du texte sur la réserve : l.25. Ansange = réserve. Le domaine foncier est une unité d’exploitation agricole. On ne s’occupe que de la terre. Une propriété foncière, un domaine tout court, est basée sur la tenure. Les tenanciers doivent des revenus très modiques (payés, soit en espèce, soit en nature). Les tenanciers ont un petit revenu parce qu’il cultive à tour de rôle la terre du seigneur. C’est un mode d’exploitation indirecte. Le seigneur fait exploiter sa terre par un tenancier. Le travail est au pro rata de la surface cultivée, de la qualité de la terre. Les tâches sont réparties selon un calendrier agricole. On va imposer des corvées, décidées par le régisseur, tête pensante de l’exploitation agricole. Le calendrier agricole est toujours le même.
Les redevances ne changent pas. Si les gars ont de meilleurs rendements, certains s’émancipent. Même en Lorraine, le cens paraît très modeste. On peut avoir de quoi acheter d’autres terres. Les seigneurs peuvent rétrécir la réserve. Ils peuvent aussi mettre toutes les coutumes à plat. Grande rentrée monétaire d’un coup. Une autre manière de faire évoluer le rapport réserve/tenure. Attendre qu’une famille tombe en quenouille. Le seigneur renégocie le contrat. Ou, le seigneur remet dans sa réserve, le domaine. On va mieux adapter le système. Récupérer les tenures pour les vendre. Un tenancier ne peut jamais être chassé. Il y a une unité sociale : droit de vivre sur le domaine. Il faut attendre qu’il n’y ait pas de survivant. Seules la réserve est adaptable. En principe, le tenancier doit sa corvée au seigneur gratuitement. Mais, le tenancier peut essayer de récupérer des parties des réserves du seigneur. Le tenancier se fait « son bas de laine ». Différences avec l’époque carolingienne. Moyen de promotion sociale.
Le tenancier peut être libre ou serf. Un serf n’a pas de domaine. Il travaille sur des tenures, comme l’homme libre. Ils ne sont propriétaires que du droit de cultiver. Il y a une division des droits de propriété. L’usufruit : chacun est tenu. Des serfs peuvent être affranchis. La qualité des gens font la différence. Les terres réservées au Seigneur : les bas fonds avec les prairies, les meilleures terres à vin (au soleil), les forets. On élevait les porcs dans les forets noisetiers. La chasse est du domaine du seigneur. C’est toujours vu comme un éco-système. Les tenures sont un morceau de terre. C’est du faire-valoir indirect. Le seigneur diminue la surface de la réserve. Le seigneur préfère avoir des revenus en monnaie sonnante et trébuchante. Le seigneur peut récupérer la tenure. Le tenancier peut faire sa pelote. Le signeur peut choisir ses propres tenanciers. Il y a l’ancien et le nouveau servage : pays d’Europe centrale. Différences avec la France. Le seigneur a besoin d’assez de tenanciers. Avec les tenanciers, le cens est fixe. Manse : mansion, la maison. Pressions démographiques. Il faut faire de bonne conditions : on leur donne des terres, des manses très grandes. Société de droit et de devoir. Au Moyen-âge, quartier de manses. Des familles se pressent pour vivre quand il n’y avait qu’une seule personne. Avec les défrichements, le surplus de la population se lance dans des défrichements sauvages. Il n’y a plus de terres. Cercle vicieux. On se nourrie de pain. On mange parfois de la viande : les poules, les poulets, les chapons. Les chevaux servent aux nobles. Il faut se servir des vaches pour labourer le sol. Les vaches sont des animaux de trait. On passe du socle qui égratigne la terre, à la charrue. Les animaux passent avant les hommes.
Démarrage économique parce que perte de l’habitude d’utiliser les esclaves. On domestique la nature : l’eau, le vent. Équivalent du nucléaire.Le démarrage industriel : machine. On n’abandonne l’idée de confier aux hommes des charges pouvant être confiées aux forces de la nature, à des machines. Effacer les idées de servage de Russie, etc. Le manse carolingien devient la tenure.

Portée du texte : origine des terres monastiques, dues aux dons des fidèles. On a encore des terres qui échappent aux relations féodaux-vassaliques. Il ne pèse que le devoir que doit les tenanciers au maître : payer un cens et faire des corvées de labourage, de fenaison, de fauchage, de construction des haies, des granges. Ils ne font pas de gardes au château. Nous voyons que les manses carolingiennes sont divisées en quartiers. Et que c’est une preuve de la croissance démographique dans cette région. L’alimentation est basée sur les céréales et sur les produits de la ferme. Ces produits alimentent la table du seigneur et sa réserve. La condition du tenancier est immuable quelque soit le propriétaire. Les redevances sont inchangées, une fois que la coutume est écrite dans le registre. La coutume remonte à quelques décennies, mais elle est consignée sur la foi du serment. En 1789, s’il y avait encore des tenanciers : ils devaient payer.

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